Pour son cinquième anniversaire, le café littéraire de Béjaïa a accueilli, samedi passé, Hakim Laâlam, lequel est venu présenter son premier roman Rue Sombre 144 Bis, paru chez Koukou éditions. Après une brève présentation du livre par les animateurs du café littéraire, le chroniqueur s'est adonné, sans tarder, aux jeux des questions réponses avec le public, nombreux, présent pour l'occasion. L'invité du café littéraire, tout en exprimant d'emblée son bonheur que ce genre d'espace puisse exister toujours, a expliqué que son passage de la chronique à l'exercice romanesque est mû par son souhait d'investiguer dans un domaine plus structuré que la chronique. "Il y a eu une tentative plus longue, plus haletante et il faut du souffle", explique-t-il. S'agissant de la "Rue Sombre", titre de son livre, l'auteur s'est voulu plus optimiste. "Il y a une sorte de cohabitation entre le clair-obscur mais qui, dans ce roman, est un cheminement vers cette lumière." Pour lui, "l'agencement de la couverture laisse deviner cette lumière là au bout de cet escalier. Ce n'est pas un escalier fermé. Mais il est fermé pour ceux qui ne peuvent plus le monter". Et d'expliquer qu'avec le 144 bis l'allusion est faite à "l'article scélérat qui régente la profession de journaliste et qui se pose en balise négative faite d'une manière brutale, malsaine, sauvage, pour empêcher les gens de presse d'exercer". Interrogé si son roman n'est pas, en fait, une succession de ses chroniques, Hakim Laâlam précise : "Mes chroniques, j'en ai fait un recueil. Là, c'est vraiment une histoire, bien évidemment puisée d'un vécu, mais qui n'a rien à voir avec la chronique ni dans le contenu ni dans le tempo d'écriture." Cependant, l'invité du rendez-vous littéraire a refusé le statut ou comme il l'a précisé "la casquette d'écrivain". "La seule casquette que je porte par la force des choses et par la pratique c'est la casquette de ‘plumitif'", a-t-il dit sur un ton de la dérision. Le débat a "bifurqué" sur les choix politiques du chroniqueur, la presse, et les tenants du pouvoir en Algérie. Sur une question portant sur l'ennui que peut provoquer la chronique qui traite quotidiennement des "mêmes problèmes", l'auteur du "Nez et la perte" s'est voulu direct. "Le seul ennui me vient d'en haut", allusion faite aux dirigeants du pays. Selon lui, il n'y a pas d'uniformité. "Y a une telle pluralité de problèmes qui nous entourent et que j'essaie de capter par ma modeste mesure", a-t-il expliqué. Interpellé sur l'institution militaire qu'il aurait l'habitude de ménager dans ses écrits, Hakim Laâlam fera un rappel. "Je cumule trois condamnations du MDN pour atteinte à l'institution militaire, et j'ai fait des chroniques sur Lamari et Nezzar. Je ne suis pas un distributeur de blancs-seings." Concernant l'arrêt du processus électoral, pour lui, ce n'est pas un choix politique mais "un choix existentiel". "Jusqu'à la fin de mes jours, je ne composerai jamais avec l'intégrisme. Les militaires ont arrêté un processus électoral. Pour moi, ce n'est pas un choix politique mais un choix existentiel : demain si les intégristes dans leur expression la plus hideuse risquaient de faire basculer mon pays, j'applaudirai des deux mains un nouvel arrêt du processus électoral", a-t-il indiqué. Au sujet de la liberté de la presse, l'auteur de Rue sombre 144 Bis dira qu'en dépit de ses imperfections, cette presse doit exister, tout en rappelant qu'elle est le fruit d'un long processus douloureux. Il ironisera en affirmant : "Je compte 3 ans de prison ferme et j'ai bénéficié au même titre que les terroristes en 2006 de la loi d'amnistie. Avec mes compagnons d'infortune, mes confrères et mes consœurs, nous avons bénéficié de la seule et même loi que les tangos." H. K Nom Adresse email