Le déséquilibre entre les recettes pétrolières et les importations est tout simplement flagrant. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a présenté hier les tendances monétaires et financières enregistrées au quatrième trimestre 2013. Il en ressort une "inflation" de chiffres dont certains frôlent le rouge. Premier constat : l'évolution de la balance extérieure courante confirme, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, "la vulnérabilité" de la balance des paiements extérieurs à toutes contre-performances des exportations d'hydrocarbures. Les revenus pétroliers du pays se sont contractés de 10,27% en 2013, s'établissant à 63,33 milliards de dollars, alors que les importations ont pris du volume, atteignant 55,13 milliards de dollars. "C'est insoutenable", note Mohamed Laksaci. L'analyse de la structure des importations indique que les achats de biens d'équipements industriels, qui occupent le premier rang avec une part de 27,6%, ont enregistré une hausse de 18,9% en 2012. De plus, ce groupe a contribué à hauteur de 68% à l'augmentation des importations. Quant aux importations des biens de consommation non alimentaires, elles ont contribué à la hausse des importations à hauteur de 31,7%. Par ailleurs, et avec une part de 16,4%, les importations des biens alimentaires se sont accrues de 6,3% et contribuent à concurrence de 14,9% à l'augmentation des importations totales. Il y a ainsi un déséquilibre entre les recettes pétrolières et les importations, l'excédent commercial étant mince, une situation que le gouverneur de la Banque d'Algérie a essayé de nuancer, en mettant en relief une tendance à l'amélioration de l'excédent commercial. Il a expliqué que la diminution des importations des biens au troisième trimestre de l'année écoulée a permis de "reconstituer l'excédent commercial" qui s'est amélioré au quatrième trimestre, pour atteindre 9,29 milliards de dollars au titre de toute l'année 2013. Laksaci se dit optimiste, soulignant que "l'année 2013 nous a apporté de bonnes nouvelles", allusion faite à la balance des paiements extérieurs qui a clôturé l'exercice 2013 avec 0,13 milliard de dollars, c'est une maigre marge. La balance des paiements a ainsi fortement chuté, comparé à 2012 (12,6 milliards de dollars) et à 2011 (20,14 milliards de dollars). Est-ce pour autant qu'il y ait menaces sur l'équilibre des comptes de l'Etat ? Le gouverneur de la Banque d'Algérie déclare que la situation du pays est "stable" et "solide", mettant en avant des réserves de changes qui ont atteint 194,012 milliards de dollars à fin décembre 2013, et une dette extérieure ramenée à 3,3 milliards de dollars en 2013 contre 3,7 milliards de dollars en 2012. Le niveau des réserves de changes avait fléchi à 189,750 milliards de dollars à fin juin 2013, en raison du déficit de la balance courante au second trimestre, avant d'atteindre 191,866 milliards de dollars à fin septembre 2013. Laksaci a évoqué une "gestion prudente" des réserves de changes, estimant que le pays tire rendement du capital investissement qu'il a placé, le contexte économique international s'y prêtant. Explications : à fin décembre 2013, les emprunts publics à dix ans aux Etats-Unis affichaient un rendement de 3,03% contre 1,92% pour les titres publics allemands de même nature. Par ailleurs, le gouverneur de la Banque d'Algérie a expliqué l'évolution du dinar par rapport au dollar et à l'euro, affirmant ainsi que le cours annuel moyen du dinar contre le dollar a connu une dépréciation de 2,36%. Le cours de change annuel moyen du dinar contre l'euro s'est, lui, déprécié de 3,21% en 2013, par rapport à l'année 2012. Laksaci commente qu'il s'agit là d'une "faible" dépréciation comparativement à celle des monnaies de certains pays émergents. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, par ailleurs, parlé des crédits à l'économie qu'il estime à 5 154,24 milliards de dollars à fin décembre 2013 contre 4 287 milliards de dollars en 2012. Il a, en outre, annoncé que l'institution qu'il dirige va réactiver cette année son rôle de préteur de dernier ressort. Quant à l'inflation, elle est contenue dans une bande fluctuante. Le premier responsable de la Banque d'Algérie a parlé de "tendance à la désinflation". À décembre 2013 et en proportion, l'inflation sous-jacente, mesurée hors produits alimentaires, s'est établie, en moyenne annuelle, à 3,32%. Et en perspective du rétablissement du crédit à la consommation, la centrale des risques sera mise en place en octobre prochain. Y. S. Nom Adresse email