Les universitaires ont tenu, jeudi, un sit-in à l'université de Bouzaréah pour exprimer leur rejet du 4e mandat voulu par le président Bouteflika et exiger un changement de système. L'université de Bouzaréah, pour rappel, a vécu la première manifestation estudiantine contre le 4e mandat, le mois dernier. Comme pour les autres manifestations du genre, les lieux ont été bouclés par la police et ordre a été donné aux agents de sécurité d'empêcher toute incursion des journalistes à l'intérieur de l'enceinte universitaire. On exigeait des ordres de mission des journalistes, et on lisait attentivement l'objet de la mission. "Ah, couverture du sit-in ! Désolé, vous ne pouvez pas entrer", répondait l'agent, sûr de lui. Le réseau Internet est coupé dans les parages, les journalistes s'impatientent dehors. Nacer Djabi, l'un des signataires de l'appel des universitaires, tente de négocier avec les agents de sécurité pour permettre à la presse de couvrir le sit-in mais ces derniers ne veulent rien entendre. Il menace alors de sortir avec les professeurs pour aller à la rencontre de la presse. L'attachée de presse arrive, affirme avoir eu l'aval du recteur et prie les journalistes de la suivre, mais peine perdue, puisque les agents la bloquent à l'entrée du portail et un conseiller du recteur arrive pour dire : "Pas de couverture du sit-in !" Les étudiants affichaient une indifférence criante à ce qui se passait à l'entrée de l'université. C'est à peine si certains se demandaient : "Il y a une grève aujourd'hui ?" Seules la forte présence policière et surtout les caméras indiquaient qu'il se passait quelque chose. Mais l'on n'entendait ni slogans et on ne voyait aucune pancarte. Au bout du compte, les professeurs, une trentaine, décident de sortir rencontrer la presse. L'un d'eux lance : "Barakat, barakat", avant qu'il ne soit immédiatement interrompu par ses collègues qui lui font remarquer que c'est un sit-in d'universitaires, pas celui du mouvement Barakat. Le prof s'égosille à leur expliquer qu'il ne voulait pas faire la promotion à ce moment, mais qu'il voulait juste dire assez de ce système. Pour calmer les esprits, Nacer Djabi s'adresse à la presse pour expliquer que la communauté universitaire ne pouvait rester en marge de ce qui se passe dans le pays et qu'elle tenait à exprimer son refus du 4e mandat et du système actuel, dans sa globalité. Il saisira cette occasion pour appeler l'ensemble de la communauté universitaire à se joindre à leur mouvement du refus, estimant qu'il est du devoir des universitaires de dire non à la corruption, non à la transformation des institutions en comités de soutien, pour dire la nécessité de mettre en place des institutions légales. M. Djabi s'est insurgé contre l'interdiction faite à leur sit-in. "Nous voulions nous exprimer à l'intérieur de l'enceinte universitaire, mais des agents de sécurité, ou des policiers, nous en ont empêchés et nous ont obligé de le faire dans la rue." Les professeurs se sont, par la suite, dispersés dans le calme, mais ils espèrent que leur première action incite leurs collègues, dans d'autres universités, à s'exprimer et se positionner par rapport à une question qui concerne le devenir du pays. A B Nom Adresse email