Interrogé sur le sens à donner aux lettres qu'il vient d'adresser au président américain, Barack Obama, au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et au président de la Commission européenne, Manuel Barroso, Ali Benouari se défend d'avoir appelé à l'ingérence. Et de s'expliquer. D'après lui, au contraire, ces missives interpellent ses destinataires sur le devoir de réserve qui doit être le leur : "Ces lettres leur disent en substance ceci : nous ne sommes pas les sous-développés que vous croyez. Notre société est mature et intelligente et vous devez agir avec nous comme vous agissez entre vous : quand des dirigeants trichent et ne veulent pas quitter le pouvoir, vous devez vous abstenir de traiter des affaires avec eux sur le dos de leur peuple." Dans ses lettres, le candidat à la candidature (invalidée par le Conseil constitutionnel) souligne notamment la propension de nos dirigeants à offrir des "cadeaux économiques" aux grandes puissances afin que celles-ci les aident à se maintenir au pouvoir. "C'est là, la principale source de la corruption qui sévit chez nous et retarde notre développement", en conclut l'ancien ministre délégué au Budget. "Nos dictateurs bradent nos richesses, et s'enrichissent au passage, en achetant n'importe quoi, qu'importe le prix payé." Benouari note également les différences de traitement et la pratique de la démocratie à géométrie variable des grandes puissances au gré de leurs intérêts : "Les peuples arabes ne sont pas moins respectables que les autres peuples. Ils aspirent eux aussi à vivre libres et être gouvernés de manière démocratique." Il semble, par ailleurs, que la principale motivation aux écrits de Benouari provient d'une crainte indicible d'une intervention étrangère à la suite, notamment, de troubles qu'ils auront fomentés eux-mêmes : "Ma lettre leur demande, à défaut de s'abstenir d'aider nos dictateurs, de ne pas se mêler de venir nous bombarder si jamais, par la suite, de révoltes populaires légitimes, une guerre civile éclate." Une telle éventualité qu'à Dieu ne plaise n'aura été encouragée, souligne encore Benouari, que par le comportement de ces puissances qui, "au lieu de réparer leurs erreurs en refusant de reconnaître tout régime issu de la fraude, continuent à se rendre complices et responsables de la dissipation de centaines de milliards de dollars et de nombreux scandales comme ceux de Sonatrach, de l'autoroute Est-Ouest et de Khalifa, pour ne citer que ceux-là". Propos recueillis par Mohamed-Chérif Lachichi Nom Adresse email