Il tient à préciser qu'il souhaite que sa démarche "ne soit pas interprétée comme une caution au processus de révision constitutionnelle". Faut-il prendre, pour autant, pour argent comptant les déclarations du FFS ? Après avoir déjà dérouté les observateurs et autres militants et sympathisants, lors de la présidentielle du 17 avril dernier, en optant pour une intrigante position de "ni pour le boycott ni pour la participation", le FFS vient de récidiver en décidant, contre toute attente, de participer aux consultations sur la révision de la Constitution que pilote le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Pour un parti qui a déjà participé à la conférence sur la transition démocratique organisée par la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), dont les positions sont farouchement opposées au pouvoir depuis sa création en 1963, qui vient de subir un camouflet politique après le rejet par l'Assemblée de sa proposition de loi d'indemnisation des victimes de 1963, un parti qui a toujours plaidé pour l'élection d'une assemblée constituante et qui s'est toujours méfié des "initiatives" du pouvoir comme de la peste, étant convaincu de l'omnipotence des "moukhabarates", participer relève, au mieux, d'un opportunisme politique qui ne dit pas son nom, au pire, d'une entorse aux principes qui ont longtemps constitué le capital crédit du parti. À l'évidence, le FFS avance ses arguments pour justifier sa démarche : son souci de reconstruire le consensus national dont il fait désormais son leitmotiv et qui le contraint, naturellement, à discuter avec tous les acteurs, sans exclusive. "Volonté de dialogue qui a toujours animé notre parti et notre président Hocine Aït Ahmed depuis la création du FFS en 1963", "l'objectif de réaliser un consensus national entre les acteurs politiques, du pouvoir, de l'opposition et de la société civile", "le devoir patriotique de témoigner et d'alerter le pouvoir sur le danger que court le pays pour son unité, son intégrité territoriale, sa sécurité, ses ressources et l'avenir des futures générations si des changements urgents, impératifs et vitaux ne sont pas initiés dès à présent,(...)" et "la fidélité au juste combat historique de notre président Hocine Aït Ahmed de construire une Algérie libre et démocratique, en restituant au peuple algérien son droit à l'autodétermination (...)" sont les principales raisons avancées par le FFS pour justifier sa démarche. Conscient que celle-ci peut prêter à équivoque, même auprès de ses militants, le FFS tient à préciser qu'il souhaite que sa "démarche ne soit pas interprétée comme une caution au processus de révision constitutionnelle". Faut-il prendre, pour autant, pour argent comptant les déclarations du FFS ? Au-delà des soupçons, fondés ou non, qui pèsent sur ce rapprochement avec des cercles du pouvoir, entamé depuis 2011 et qui a fini par sa participation aux législatives de 2012, scrutin qu'il avait dénoncé par le passé, le FFS entend visiblement jouer le rôle de "médiateur" entre le pouvoir et l'opposition. Et il le dit lui-même, en termes sibyllins. Non seulement, il donne des garanties au pouvoir ("N'ayez donc pas peur du changement, il ne sera pas fait contre vous mais avec vous. Il n'y aura ni atteinte aux biens et à la sécurité des personnes ni règlements de comptes", dit-il), mais se présente comme l'acteur qui peut jouer les bons offices. "(...) Nous avons engagé activement la préparation de la conférence du consensus national incluant la participation du système à travers ses représentants (...) aux côtés des acteurs politiques de l'opposition et de la société civile. Cette participation s'entend à la fois sur le plan de l'organisation, de la définition des objectifs, de l'élaboration du programme et de l'esquisse des résultats escomptés. Votre adhésion à cette initiative est souhaitable dans l'intérêt national. Nous tenons à souligner à cet égard que le rôle du FFS se limite à celui de facilitateur et de catalyseur. Il a l'ambition de créer collectivement le cadre et le climat de confiance entre les différentes parties pour des échanges sereins et fructueux sur les voies et moyens de réaliser un large consensus national pour ouvrir des perspectives nouvelles au pays". C'est parce qu'il a été "court-circuité" par la Coordination, dont le mérite est d'avoir réuni l'opposition dans ses diverses sensibilités, que le FFS, dont on peut deviner la frustration pour un parti considéré comme le plus vieux parti d'opposition, s'est inventé une posture qui peut lui conférer le rôle de locomotive dans les changements souhaités. À bien des égards, le FFS laisse transparaître le sentiment d'un parti qui ne s'accommode pas d'un rôle de "wagon". Mais le peut-il aujourd'hui ? Dispose-t-il de suffisamment de moyens de persuasion ? A-t-il les capacités de mobilisation dont il disposait jadis ? K. K. Nom Adresse email