Les 12e Rencontres cinématographiques de Béjaïa ont finalement pu avoir lieu ; la dynamique association Project'heurts, à sa tête Abdenour Houchiche, a réussi à allumer sa deuxième bougie dimanche soir, même si un problème technique a quelque peu chamboulé le programme initialement arrêté. En effet, le film de Lyès Salem, L'Oranais, n'a pu être projeté en raison de cette panne technique ; le public a eu droit à deux films documentaires : El-Oued, El-Oued, de Abdenour Zehzah ; le deuxième a été réalisé en mars 2014 dans le cadre d'un atelier de réalisation par des collégiens, Le fantôme du musée. Pour mener à bien leur projet, ils ont été encadrés par deux techniciens français, notamment pour la partie montage. Les animateurs de Project'heurts ont réussi à surmonter deux écueils cette année, qui auraient pu perturber le cheminement de ce rendez-vous cinématographique, devenu incontournable. Il y a, d'une part, l'absence de financement, qui aurait pu compromettre la 12e édition, d'où la forte mobilisation de cinéastes, de comédiens, de techniciens, de producteurs, d'artistes et de cinéphiles, qui ont multiplié les messages de soutien sur leurs pages facebook. Il y avait Safy Boutella, Rachid Taha, Malek Bensmaïl, Farid Chari, mais aussi des acteurs, des cinéastes et des producteurs algériens et étrangers. Il y a, d'autre part, un deuxième coup dur, l'incendie dont a été l'objet une aile de la Maison de la culture où l'association Project'heurts avait son siège social. Un espace qui sert aussi d'atelier d'écriture aux jeunes auteurs réalisateurs algériens, mais aussi marocains et tunisiens désireux d'être accompagnés dans le développement de l'écriture d'un scénario personnel de court métrage de fiction. Un accompagnement qui leur permet de consolider leurs techniques scénaristiques. Six participants sont ainsi sélectionnés chaque année sur la base d'un scénario personnel écrit ou en cours d'écriture. Les autorités n'ont pas été insensibles à cet élan de solidarité, manifesté par une majorité d'Algériens mais aussi d'étrangers. Ce qui confirme l'audience et la crédibilité dont jouissent les membres de cette association, qui offrent à des amateurs de cinéma ce moment de découverte et de discussion sur le cinéma et de rencontrer des professionnels, qui apprécient aussi ce moment de partage avec le public pour lequel ils s'investissent. En effet, ce soutien actif et massif a amené le ministère de la Culture et l'APC de Béjaïa, qui profite allègrement de l'impact de ses rencontres sur la vie culturelle locale, à reconsidérer les choses et à établir des chèques. L'APC de Béjaïa y a accordé une subvention de 5 millions de dinars, le ministère de la Culture 3,5, alors que l'ambassade de France y a contribué avec un million de dinars. Il faut dire aussi que des grands du cinéma français étaient signataires de la pétition qui a recueilli près de 4000 signatures. C'est le cas de Jean-Pierre Kalfon mais aussi de Dominique Wallon, ancien directeur du CNC français et fondateur du Festival des cinémas d'Afrique. Tout le monde semble avoir pris conscience de l'importance prise par ces rencontres cinématographiques, qui permettent de faire se rencontrer public et professionnels du cinéma, mais aussi les différentes générations, rencontres qui peuvent susciter des synergies ou des projets ; elles permettent de faire voir des films en salle, sachant que le nombre de salles en activité est en baisse constante. Les Rencontres cinématographiques de Béjaïa doivent exister, car entre l'association Cinéma et mémoire, qui a été dissoute au grand dam des jeunes réalisateurs qui ont pu s'initier aux techniques d'écriture cinématographique, plusieurs films documentaires ont été réalisés dans le cadre de "Béjaïa doc cinéma", quoique les films réalisés continuent à être projetés en Algérie et à l'étranger. L'équipe de Project'heurts est à encourager, car elle n'a pas baissé les bras malgré les écueils dressés sur son chemin. Elle continue à faire vivre les belles rencontres sur le cinéma en Algérie, quasiment le seul espace non encore pollué "de notre si beau pays", pour reprendre Malek Bensmaïl, qui a appelé au soutien indéfectible à l'équipe de Project'heurts. Le ministère de la Culture gagnerait à pérenniser ce rendez-vous, devenu incontournable pour les Béjaouis mais aussi pour tous les Algériens ; il offre, l'espace d'une semaine, l'envie de renouer avec le cinéma et d'aller voir un film dans une salle de cinéma. Nom Adresse email