Le puzzle de l'Irak post-Saddam se met difficilement en place. L'Onu est de retour à Bagdad avec un nouveau représentant spécial, un Pakistanais, et les promesses de soutien pour les nouvelles autorités ne cessent de pleuvoir. Les Etats-Unis n'arrêtent pas de se féliciter de leur sortie du guêpier irakien, même si leurs Gi's sont toujours la cible privilégiée des résistances irakiennes, dont on ne sait toujours pas par qui elles sont instrumentalisées et à quelles fins. À Bruxelles, les Européens ont déroulé le tapis rouge au chef de la diplomatie irakienne, promettant aides et assistance. L'UE, qui s'est réconciliée avec les Etats-Unis sur la question de l'Irak, attend un retour d'ascenseur dans le domaine des affaires. L'UE est d'accord sur la nécessité d'apporter un soutien ferme au gouvernement irakien intérimaire, a affirmé le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard Bot, dont le pays préside l'Union, mais s'oppose à la peine de mort que l'Irak compte rétablir pour cause de terrorisme et d'insécurité. La France a ouvert le bal des réouvertures des ambassades étrangères à Bagdad, après les Etats-Unis dont le représentant a été installé en grande pompe le jour même du transfert de la souveraineté aux Irakiens. L'Allemagne devrait suivre incessamment. L'émissaire des Nations unies en Irak, Lakhdar Brahimi, a demandé aux voisins de l'Irak d'aider ce pays à rétablir la sécurité et, le vice-Premier ministre irakien a affirmé avoir obtenu des autorités syriennes qu'elles coopèrent pour contrôler la frontière entre leurs deux pays. Sur le terrain, les autorités irakiennes semblent marquer des points. La lutte contre la criminalité et le banditisme a été décrétée et il a été décidé de désarmer toutes les milices sans exclusive. Le président irakien, Ghazi al-Yaouar, a lancé une sévère mise en garde aux auteurs d'actes terroristes et aux preneurs d'otages qui ne se repentiraient pas, évoquant un projet d'amnistie pour les Irakiens rendant les armes. Le pardon concernera tous ceux dont les mains ne sont pas entachées de sang. Les autorités irakiennes, annonçant d'importantes saisies d'armements à Bagdad où a été mis, depuis le 1er juillet, un plan de défense, comptent sur l'Otan pour accélérer la formation des nouvelles forces de sécurité irakiennes. La décision d'impliquer l'Otan en Irak a été prise à Istanbul (Turquie), à la grande satisfaction de Bush dont le souci majeur est de mondialiser davantage les forces de la coalition stationnées en Irak. Les modalités de l'aide de l'Otan, qui font actuellement l'objet d'un examen par les responsables militaires de l'Otan, restent à définir, Paris et Berlin refusant une présence collective de l'organisation sur le terrain. L'Otan doit également fournir des équipements pour la nouvelle armée irakienne et même assurer la protection des personnels de l'ONU qui superviseront l'organisation d'élections générales l'année prochaine. Les autorités de Bagdad souhaitent la nomination d'un monsieur Otan auprès d'eux. Bush n'arrête pas de défendre sa décision d'envahir l'Irak, malgré les erreurs que ses divers services de renseignement ont, publiquement, reconnues. Le président américain assène que l'Amérique était plus en sécurité grâce à sa politique étrangère, réaffirmant que le régime de Saddam avait des liens avec des terroristes. D. B.