Le chef terroriste confirme que Berlin a bel et bien versé une rançon dont il s'est engagé à ne pas révéler le montant, comme il affirme que l'argent a été utilisé pour l'achat d'armes et de munitions. Abderrezak El-Para, chef d'un groupe terroriste, auteur du rapt de touristes allemands au Sahara en 2003, et aujourd'hui prisonnier de rebelles tchadiens, a assuré que Berlin lui avait remis une rançon pour libérer ses otages, c'est du moins ce que révèle un entretien publié jeudi dernier dans l'hebdomadaire français Paris Match. Dans cet entretien exclusif, réalisé dans le désert du Tibesti dans le Nord du Tchad, Amari Saïfi, dit Abderrezak El-Para, explique également que cet argent a servi à acheter des vivres, des armes et des munitions. Des informations jamais confirmées avaient fait état du versement par Berlin d'une rançon de près de 5 millions d'euros. Les services de renseignements américains avaient alors estimé que cet argent avait fait du GSPC l'une des organisations terroristes les plus dangereuses. Abderrezak El-Para, soupçonné d'être lié à la mouvance d'Oussama Ben Laden, est aux mains des dissidents tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT). Les services de renseignements occidentaux estiment que l'immense étendue saharienne qui va de la Mauritanie au Soudan en passant par l'Algérie, le Mali et le Niger est devenue la zone de repli privilégiée pour Al-Qaïda. Interrogé sur le montant de la rançon qui lui a été payée, Abderrezak El-Para a assuré : “On a pris l'engagement avec le gouvernement allemand de ne pas divulguer le chiffre.” “La majorité a été dépensée pour l'achat de vivres pour nos frères en Algérie. On a aussi acheté des armes et des munitions”, a-t-il ajouté dans un entretien réalisé par le journaliste Patrick Forestier dans la région de Bardaï. Le prisonnier, de haute taille, était enfermé dans une grotte et avait des menottes aux poignets après plusieurs tentatives de fuite, indique le journaliste. Une photo le montre à demi-allongé sur le sol, le visage orné d'un collier de barbe noire, vêtu d'une tunique traditionnelle couleur sable. Abderrezak a été intercepté en compagnie d'autres combattants du GSPC par les rebelles tchadiens dans leur fief montagneux et désertique aux confins de l'extrême-Nord tchadien. Il est à l'origine de l'enlèvement en février/mars 2003 de 32 touristes, de nationalités allemande, suisse, néerlandaise et autrichienne, qui traversaient par petits groupes en voiture ou à moto le Sahara algérien. Un premier groupe de 17 otages avait été libéré le 13 mai lors d'une opération de l'armée algérienne au nord de Tamanrasset, et les 14 autres l'avaient été, le 18 août suivant, au Mali dans la région de Kidal, après des tractations. Abderrezak dit El-Para est le numéro 2 présumé du GSPC, et Alger aimerait obtenir qu'il lui soit livré. Nouredine Yazid Zerhouni avait déclaré que le terroriste en question devait être jugé en Algérie et que des tractations étaient en cours pour son transfèrement vers le pays. Les Etats-Unis avaient émis le vœu que le chef terroriste soit extradé vers l'Algérie. Depuis, aucune indication n'a été donnée sur les résultats des tractations. R. N.