Les participants appellent à la tenue d'une conférence internationale consacrée à la lutte contre le phénomène. La seconde réunion intergouvernementale de haut niveau sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en Afrique s'est achevée, jeudi en début de soirée, au Palais des nations, à Alger. Les quelque 300 experts du continent ont adopté une déclaration dans laquelle ils soulignent l'“importance de la convocation d'une conférence internationale pour préparer un code de conduite sur la lutte contre le terrorisme au niveau international”. Ils ont aussi convenu, à la faveur de l'inauguration, mercredi, du Centre africain d'étude et de recherche, d'établir une liste exhaustive des organisations terroristes dans le continent. La “déclaration d'Alger” ne prendra effet qu'après son adoption par les chefs d'Etats africains, soit en novembre prochain à Addis-Abéba (Ethiopie, siège de l'Union africaine) soit en janvier 2005 à Abuja (Nigeria ; la rencontre coïncidera avec un sommet d'étape devant précéder celui de Khartoum dont la date n'est pas encore arrêtée). Les participants ont repris, dans son esprit, le discours prononcé, à l'ouverture des travaux, par le président Bouteflika. Un code de conduite sur la lutte contre le terrorisme au niveau mondial renverrait sans doute à refermer la parenthèse de la polémique autour de la définition du phénomène au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Car le “droit des peuples à l'autodétermination, à la liberté et à l'indépendance” ne saurait se confondre avec le terrorisme. De cette définition aussi pourraient se régler – dans certains cas — les négociations sur le financement de la lutte antiterroriste et la coopération régionale et internationale dans le domaine de la législation, les échanges d'informations, la justice et le contrôle des frontières. Les Africains demandent également à la communauté internationale de “soutenir les efforts déployés, aux échelles nationale et régionale, pour lutter contre les facteurs qui favorisent ou créent des foyers de terrorisme”. Instabilités politiques, guerres ethniques et conflits régionaux hérités du colonialisme occidental et devenus endémiques, chaos économique et ses corollaires – pauvreté, chômage, misère, drogue, etc.—, immigration clandestine : autant de fléaux que le vaste continent africain tente d'endiguer sans vraiment y parvenir. La disponibilité des Nations unies, des Etats-Unis et de l'Union européenne doit surtout s'élever à ce niveau et dépasser au plus vite le cadre conventionnel de l'inéquitable coopération mondiale. De leur aide et leur assistance dépend, en grande partie, le succès de cette lutte globalisante contre le terrorisme. Les armes, certes, se vendent à bas prix dans les marchés encombrants de l'Afrique mais les opulents producteurs de l'Occident ne s'en offusquent pas pour autant ! Le défi n'en est pas moins important pour les 53 Etats de l'U.A, identifiables par leurs régimes dictatoriaux corrompus et les putschs récurrents. Leur mentalité rentière ne peut que nourrir les facteurs qui favoriseraient ou créeraient les foyers de terrorisme. Les participants à cette seconde réunion intergouvernementale d'Alger attirent l'attention sur la capacité des groupes terroristes non seulement à obtenir des armes non conventionnelles mais aussi à les utiliser. D'où “la nécessité de renforcer la coopération dans ce sens”. L. B.