La seule autre explication est que le gouvernement, ayant bâti ses projections autour de 1 DA d'augmentation, a délibérément placé la barre très haut pour, justement, dégonfler dans l'exagération les exubérances populistes des députés. Une fonction parlementaire est en train de prendre dans les faits la place qui doit revenir au pouvoir législatif. Les conditions dans lesquelles a été examiné puis adopté le projet de loi de finances pour 2005 confirment ce glissement vers l'insignifiant et l'absurde, le pire n'étant jamais loin. Qui aura la naïveté de croire qu'un combat épique a été mené au palais Rabah-Bitat par de preux chevaliers défenseurs de la veuve et de l'orphelin, menacés par la faconde de quelques détenteurs de maroquins trop tannés pour être sensibles à de vulgaires soucis de pitance ? Ce qui est exagéré étant nécessairement insignifiant, la baisse de 5 à 1 DA de l'augmentation proposée par le gouvernement sur le litre de gasoil ne doit surtout pas être prise pour ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas une concession arrachée de haute lutte par les députés, pas plus qu'elle n'est le résultat d'un compromis qui préserve dans l'honneur l'essentiel. À moins d'avoir pris plus que des libéralités vis-à-vis du minimum de rationalité économique qui doit fonder l'action de l'Exécutif, on ne voit pas comment un gouvernement qui se respecte peut rabaisser à ce niveau de bradage ses prétentions. De 5 à 1 DA, la baisse est tout de même de 80%. Et si les chiffres ont encore un sens, c'est bien plus que la marge qui a dû être laissée pour le “marchandage”. La seule autre explication est que le gouvernement, ayant bâti ses projections autour de 1 DA d'augmentation, a délibérément placé la barre très haut pour, justement, dégonfler dans l'exagération les exubérances populistes des députés. Une autre question, de taille, qui jette le doute sur le “modus operandi” de ce gouvernement est cette contradiction dans sa démarche et qu'il n'est pas besoin d'être économiste pour relever. Aspirant à consolider le processus de maîtrise de l'inflation, le taux prévu pour celle-ci en 2005 est de 3%. De prime abord, le respect de ce seuil aurait été impossible avec une augmentation de près de 50% du prix du gasoil tant les répercussions en cascade n'auraient pas manqué de relancer la spirale inflationniste. A. H.