Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont reçu, mardi dernier dans la soirée, la version expurgée de la déclaration sur les armements irakiens, quelques heures après un accord à Londres de l'opposition irakienne sur “l'après-Saddam Hussein”. Cette version expurgée, qui fait “un peu moins de 3 000 pages”, a été remise, mardi, en début de soirée, à New York, à l'ensemble des Quinze membres du Conseil. Les cinq pays membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) avaient pourtant reçu une copie de l'intégralité des quelque 12 000 pages de la déclaration irakienne, remise le 7 décembre. “Il faut bien que nous sachions ce que les autres ont à leur disposition”, a fait remarquer un diplomate de l'un des Cinq Grands. Sur leur recommandation, la commission de contrôle, d'investigation et de vérification de l'ONU (Cocovinu) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AlEA) ont ôté tout élément pouvant servir à fabriquer ou à se procurer des armements de destruction massive. Les responsables du programme de l'ONU de désarmement de l'lrak, Hans Blix et Mohamed El Baradei, doivent faire part aujourd'hui au Conseil de sécurité de leur première évaluation sur la substance de la déclaration dans laquelle l'lrak fait le point sur ses programmes d'armement. Mais le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a indiqué mardi que la véritable analyse de la déclaration irakienne ne serait pas faite aujourd'hui devant le Conseil de sécurité mais “plus tard”. La Maison-Blanche devrait, elle, faire connaître, avant la fin de semaine, ses premières conclusions sur le document. Kofi Annan a, par ailleurs, demandé à l'lrak de “redoubler ses efforts” en vue de régler la question des disparus et des biens manquants au Koweït depuis son invasion en 1990, dans un rapport adressé au Conseil de sécurité. La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a fait état mardi à Abou Dhabi d'“un certain nombre d'imprécisions” dans la déclaration de l'lrak, estimant “utile” que les inspecteurs de l'ONU poursuivent leur travail sur le terrain. À Washington, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a dit mardi que si Bagdad empêchait un scientifique de quitter l'lrak, cela constituerait une violation de la résolution sur le désarmement de ce pays adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU. 72% des Américains non convaincus par Bush Même si l'immense majorité des Américains (90%) pense que l'lrak développe des armes de destruction massive, 72% disent que leur président ne les a pas convaincus de la nécessité d'une guerre, selon un sondage publié mardi dernier par le quotidien Los Angeles Times. Selon les trois quarts des Américains, George W. Bush doit fournir davantage d'éléments à charge avant de déclarer la guerre contre Bagdad. Ils sont cependant 58% à dire qu'ils soutiendront une attaque contre l'lrak si le président Bush l'ordonne. À l'inverse, 35% se disent opposés, et 7% n'ont pas d'opinion. Une majorité d'Américains est néanmoins persuadée que la guerre est inévitable, 49% le pensant vraiment, 14% étant un peu moins assurés. Ils ne sont que 27% à penser que la guerre peut être évitée, et 4% à se dire certains qu'il n'y aura pas de guerre. À cet égard, 68% des Américains pensent que les Etats-Unis ne devraient déclarer une guerre qu'avec le soutien de la communauté internationale (49% le pensent vraiment, 24% le pensent d'une certaine façon). Et si les inspecteurs ne trouvent pas de preuve d'armes de destruction massive, 41% des Américains se disent, cependant, favorables au renversement de Saddam Hussein.