Hier à Paris, lors d'une rencontre des ministres européens de l'Intérieur, et à laquelle s'est joint le procureur général des Etats-Unis, une demande de modification du traité de Schengen a été introduite par l'Espagne. À travers cette démarche pilotée par le ministre ibérique de l'Intérieur, il est question de restaurer les contrôles aux frontières à l'intérieur de l'espace Schengen qui compte 26 Etats dont 22 sont membres de l'Union européenne. Selon Jorge Fernandez Diaz, le ministre espagnole de l'Intérieur, s'exprimant dans le quotidien El Pais, déclare que la proposition en question s'inscrit dans le cadre des actions visant le contrôle et la limitation de la mobilité des jihadistes de retour en Europe, à l'intérieur même de l'espace Schengen. L'appréhension européenne découle de la présence, à un moment donné, sur les différents fronts "jihadistes" de près de 3 000 combattants originaires d'Europe et dont, au moins, 600 d'entre eux, sont déjà de retour avec la possibilité de se déplacer sans aucun contrôle à travers les 26 Etats signataires du traité de Schengen. Si les ressortissants européens seront eux-mêmes concernés par ce durcissement, les désagréments que vont subir ceux des Etats de la rive Sud et non-membres de l'espace Schengen seront économiquement, humainement et socialement plus dramatiques. La mise sur la table de cette initiative s'inscrit dans une politique dont les contours sont déjà connus depuis le mois de novembre dernier. En effet, au moins 5 pays de l'espace Schengen, soit la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Pologne, en concertation avec les Etats-Unis et la Turquie, mènent des discussions, depuis cette date, sur un nouveau dispositif à même d'empêcher les Européens d'aller faire le jihad hors frontières et de revenir. La démarche consiste à créer une synergie entre les fichiers de la police des frontières de l'espace Schengen et les données sur les passagers, récupérées lors de leur réservation d'un vol, les fameux PNR ou "Passenger Name Record". Le procédé consiste à croiser le PNR avec le système Schengen, c'est-à-dire la base de données des différents services de sécurité de l'Union et à laquelle la police des frontières a accès. Il est question de croiser les filiations et les dates de passage des frontières avec les fiches de recherche des services de renseignement européens. Dans le cadre de ce dispositif, Air Algérie est, depuis le 1er janvier dernier, obligée de transmettre pour les vols vers et des aéroports français, 48 heures avant les vols, les données PNR. Lors de la fermeture des vols, ces mêmes données PNR accompagnées des API sont envoyées aux autorités françaises. Des mesures coercitives sont prévues envers les compagnies aériennes qui ne respectent pas ces directives de sécurité et de sûreté. M. K.