Le nouveau patron de Sonatrach va tenter de la restaurer et surtout de donner de la constance à la production d'hydrocarbures qui a beaucoup baissé ces dernières années. La production pétrolière, le nouveau P-DG de Sonatrach en a parlé la semaine dernière, lorsqu'il a évoqué la coopération avec le groupe vietnamien Petrovietnam et le site de Bir Sebaa, au Nord de Hassi-Messaoud, dont l'entrée en production est attendue pour juillet prochain. Vietnamiens et Algériens tablent sur une production de 20 000 barils par jour. Le rapprochement entre Sonatrach et Petrovietnam, dans le cadre de ce projet, a donné lieu à "un niveau de performance rarement égalé dans l'industrie pétrolière" algérienne, a assuré le nouveau patron de la compagnie nationale d'hydrocarbures. Amine Mazouzi s'évertuera à faire avancer le processus de développement sur d'autres gisements pour s'éloigner du spectre du déclin dont il se souvient pour avoir travaillé dans l'aval pétro-gazier. Et les chiffres sont têtus. Après le plateau de 75 millions de tonnes en 2004, la production de pétrole a baissé à 58 millions de tonnes en 2013, soit un recul de 23% en l'espace de neuf ans, une chute spectaculaire. Les chargés du secteur de l'énergie ne s'attendaient pas à ce qu'un tel déclin puisse se produire. Quant à la production gazière, elle a diminué de 18% en cinq ans. En volume, elle est passée de 154 milliards de mètres cubes en 2008 à 127 milliards de mètres cubes en 2013. La production d'hydrocarbures (tous produits confondus) est tombée de 233 millions de Tep (Tonne équivalent pétrole) en 2007 à 187 millions de Tep en 2013, soit une baisse de 20% en l'espace de six ans. Sonatrach projette cependant d'investir 100 milliards de dollars d'ici à 2017 dont 60 milliards dans l'amont pour reconstituer les réserves et porter la production à des niveaux analogues à ceux des années 2007-2008, soit environ 233 millions de Tep. Objectif réalisable ? Mohamed Saïd Beghoul, consultant "Oil & Gas exploration & développement", se montre quelque peu pessimiste, relevant qu'il faudrait disposer de réserves suffisantes et de capacités de production extensibles. Et d'ajouter que compte tenu de la manière dont le déclin s'est produit, il serait difficile de produire en 2017 20% de plus qu'aujourd'hui. Retrouver les années quatre-vingt-dix semble ainsi chimérique dans le secteur pétrolier ? L'activité pétrolière avait en effet repris dans cette période, malgré une conjoncture sécuritaire des plus difficiles. Rappel des faits : sous la loi 86-14, et jusqu'en 2005, la promotion du domaine pétrolier a drainé près de 90 contrats de recherche et d'exploitation avec une moyenne de six à sept contrats par an, se souvient M. Beghoul. Cette attractivité avait fait que l'Algérie, a été classée, en 1994-1995, premier pays au monde en matière de découvertes avec un cumul qui avoisinait les deux milliards de Tep (Tonne équivalent pétrole). Et, cela avait produit de l'effet sur les réserves. Elles avaient retrouvé leur niveau de l'année 1971. Cela va cependant changer, l'attractivité en prendra un coup. La révision de cette loi en 2005 n'a pas conduit aux objectifs escomptés. Seulement neuf contrats ont été signés entre 2005 et 2011. Le secteur pétrolier s'est émoussé. Y. S.