Dix associations de défense des droits des cancéreux, issues de différentes wilayas, désormais réunies en Alliance nationale, dénoncent les rendez-vous éloignés pour les cures de radiothérapie et les ruptures cycliques de médicaments. Si le cancer représente déjà l'une des maladies les plus éprouvantes en Algérie, les personnes atteintes de cette pathologie doivent, visiblement, faire face, en outre, à de multiples problèmes affectant l'ensemble des structures spécialisées du pays. Nonobstant les efforts consentis ces dernières années par les autorités sanitaires du pays dans leurs tentatives d'améliorer la situation, les cancéreux restent, en effet, encore victimes d'une prise en charge pour le moins catastrophique ! C'est le constat remis au goût du jour, hier au Forum du quotidien DK-News, par les représentants de dix associations de défense des droits des cancéreux, issues de différentes wilayas et désormais réunies en Alliance nationale, lesquels décrient, entre autres, les rendez-vous sensiblement éloignés pour les cures de radiothérapie et les ruptures cycliques de médicaments. Selon Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El-Amel du CPMC, désignée coordinatrice de cette Alliance reconstituée (après la dissolution d'une précédente entité similaire), les rendez-vous de radiothérapie sont reculés dans certains centres jusqu'à l'été 2016, soit de près d'une année et demie ! Ce cas, précise-t-elle, concerne le service de radiothérapie du CPMC (Alger) pour être le centre le plus convoité. Dans le reste des centres du pays qui se comptent sur les doigts d'une main, les rendez-vous ne sont pas moins éloignés puisqu'ils sont fixés, au mieux, pour le prochain semestre. Ce qui pénalisent du coup, des milliers de patients et leurs familles souvent obligés de faire des acrobaties pour "dénicher", pour les plus chanceux, un rendez-vous quelques mois après le traitement par chimiothérapie. Or, le délai recommandé entre la dernière séance de chimiothérapie et la première cure de radiothérapie ne doit pas dépasser les trois semaines (21 jours). Outre le manque de centres spécialisés, les comportements de certains professionnels ne sont pas moins incriminés dans cette situation. D'après Mme Kettab, souvent beaucoup de dossiers de malades ne sont pas consultés à temps dans la majorité des centres de radiothérapie. Ce qui fait que même les dossiers de malades ne nécessitant pas une prise en charge par radiothérapie, sont également comptabilisés et encombrent, du coup, les centres anticancer (CAC). "Dans la plupart des CAC, les dossiers ne sont ouverts que longtemps après leur réception. Or, ils devraient l'être immédiatement pour savoir quels sont les malades qui nécessitent une prise en charge en radiothérapie et ceux non concernés, et ce, à même d'alléger un tant soit peu la liste d'attente", regrette la coordinatrice de l'Alliance nationale des associations d'aides aux personnes atteintes de cancer. Tout en relevant que des ruptures de médicaments sont cycliquement signalées dans les différents CAC du pays, Mme Kettab se demande, par ailleurs, pourquoi les cliniques et autres hôpitaux privés ne connaissent presque pas les problèmes affectant le secteur public. Ce qui pousse d'ailleurs de plus en plus de patients à recourir à des structures privées, même si elles restent inaccessibles à la classe moyenne (si elle existe encore), notamment pour le traitement en radiothérapie et autres soins palliatifs. Pour Mme Kettab, si l'on doit, aujourd'hui, promouvoir le secteur privé, la Sécurité sociale doit, parallèlement, s'impliquer systématiquement afin de permettre l'accès aux soins de qualité à l'ensemble des Algériens. Lui emboîtant le pas, Baroudi Fekira, président de l'association El-Amel fi el-Hayat de Sidi Bel-Abbès, et le Dr Nora Boulazreg, vice-présidente de l'association El-Amal de Batna n'ont pas moins défendu ce principe que les cotisations des Algériens à la Cnas reviennent de droit aux malades assurés et que les autorités doivent, de ce fait, se pencher sérieusement sur cette problématique. Une revendication à laquelle le ministère de la Santé pourrait être, néanmoins, sensible puisque, selon sa représentante, présente à la rencontre d'hier, il serait déjà sur le point de finaliser un projet devant permettre le remboursement de certains traitements des cancéreux au même titre que les insuffisants rénaux ou encore les maladies cardiovasculaires. Soit ! F .A.