L'auteur de l'assassinat commis dans la nuit du 28 au 29 décembre dernier au domaine Mouloud-Abdi, dans la commune de Khraïcia, contre trois membres de la famille Merah (le père et ses deux filles) n'est autre qu'un proche de cette dernière. Sa maman est une Merah et le beau-père de la victime (le père) est son oncle. C'est ce qui ressort de l'enquête diligentée par les éléments de la Gendarmerie nationale. Un point de presse a été animé hier à Douéra par le colonel Alioua du commandement de la gendarmerie de la wilaya d'Alger. “Un certain nombre de facteurs nous ont permis d'exclure la thèse d'un acte terroriste et d'orienter nos investigations vers le milieu familial”, a déclaré l'officier qui a ajouté : “Les terroristes n'épargnent personne quand ils agissent. De plus ils utilisent toujours leurs propres armes. Ce qui n'est pas le cas ici.” Les gendarmes se sont servis de chiens dressés pour ce genre d'opération. “Les bêtes n'ont pas voulu quitter les lieux, un indice important pour axer l'enquête sur place”, a-t-il précisé. Trois personnes seront interpellées, des invités venus de Souaghi (Médéa) dont est originaire la famille Merah. Pendant les quarante-huit heures de mise en garde à vue les trois personnes soupçonnées ont nié en bloc les accusations portées contre elles. Il fallait demander un deuxième délai au bout duquel le principal accusé a fini par passer aux aveux. Il s'agit d'un proche parent, un fellah de 44 ans, résidant à Baba Ali. Ce dernier incriminera deux personnes qui l'auraient aidé ce soir-là à accomplir son forfait. Devant le manque de preuves, elles bénéficieront de la liberté provisoire et seront cependant soumises au contrôle judiciaire. L'accusé a, selon l'orateur, étudié son plan, ce qui laisse conclure à la préméditation. Un acte sauvagement commis suite à des propos qu'aurait tenus la victime à l'adresse de l'accusé en le traitant d'une personne de moralité douteuse. “Pourquoi est-il venu chez nous ? Il va souiller notre dignité”, aurait déclaré la victime. Le conférencier affirmera, suite aux témoignages recueillis auprès des personnes interrogées, que le criminel avait un penchant pour les femmes. “Sa présence en tant qu'invité n'était pas fortuite. Ce soir-là, il y avait chez les Merah une femme divorcée venue de Souaghi qu'il convoitait depuis quelque temps. Il voulait l'épouser.” Mais le mis en cause serait passé à l'acte après avoir été quelque peu touché par les propos de la victime. Pour détourner tout soupçon, il mijotera une hypothèse à mobile terroriste. Un crochet fera l'affaire pour tuer le père Merah Tahar (43 ans) et ses deux filles Widad et Keltoum, respectivement âgées de 19 et 17 ans. La troisième fille Manel (12 ans) laissée pour morte échappera suite à une bonne prise en charge au niveau de l'hôpital Frantz-Fanon de Blida. Elle est sortie de son coma et son état s'améliore progressivement. La toute petite Samah (3 ans) est la seule miraculée. C'est d'ailleurs elle qui donnera l'alarme en allant retrouver sa maman chez les voisins. Cette dernière voyant les vêtements de sa fille tachés de sang se rendra dans la chambre pour découvrir l'horreur. Samah a reconnu l'assassin mais le témoignage des enfants n'est pas reconnu même si la vérité sort souvent de leur bouche. Quant au principal accusé, il se fondra parmi les autres membres de la famille en pleurant avec eux la perte cruelle des trois membres. Comble de l'ironie, il assistera même certains journalistes pour leur fournir quelques renseignements. L'acte terroriste ayant été initialement privilégié, les voisins se sont même mis à tirer des coups de feu. “Il avait induit en erreur tout le monde”, dira le colonel Alioua. Il avait même suggéré aux membres de la famille de laisser les victimes telles qu'elles étaient jusqu'à l'arrivée des gendarmes. Un seul indice le trahira : il avait pris l'arme du crime pour la cacher au moment où un enquêteur avait l'œil sur lui. Hier sur les lieux du crime, la tristesse était sur tous les visages. Les femmes toujours en pleurs et les hommes abattus. Samah ne reverra jamais Widad et Keltoum qui la chérissaient tant. Cependant, ce triple crime qui a jeté l'émoi sur les habitants de haouch Mouloud-Abdi laisse planer des interrogations. Une maman qui passe la nuit chez son père. Une porte non verrouillée. Un triple assassinat dans le silence… Le principal accusé a été présenté devant le tribunal de Koléa et mis sous mandat de dépôt. A. F.