Cinquante mille policiers saoudiens sont disséminés dans la Ville sainte pour prévenir d'éventuels attentats terroristes redoutés par les dirigeants wahhabites. Contrairement aux années précédentes où les dirigeants saoudiens s'attelaient beaucoup plus à juguler les bousculades et autres incidents meurtriers, comme ce fut le cas l'année dernière à Mina où 251 personnes ont péri asphyxiées, cette fois-ci c'est le branle-bas de combat pour assurer la sécurité des pèlerins. Devant la recrudescence de l'activité terroriste dans diverses provinces du royaume, la dernière fusillade remontant au 9 janvier courant, Riyad a décidé de mettre en œuvre les grands moyens matériels et humains pour protéger les Lieux Saints de l'Islam, où deux millions de visiteurs entameront aujourd'hui le rituel du hadj. Outre les policiers, en nombre impressionnant, des hélicoptères, des véhicules blindés, des camions de sapeurs-pompiers et des ambulances sont déployés pour intervenir en urgence en cas d'attentats ou d'incidents. Dix mille officiers des services de sécurité “s'occuperont de tout ce qui touche à la sécurité”, a déclaré le général Mansour Al-Turki, confirmant l'état d'alerte en vigueur dans le pays, notamment à La Mecque, en cette période de pèlerinage. L'opération est dirigée par le ministre de l'Intérieur, Nayef Ibn Abdelaziz, en personne. “Si quelque chose se produit ou s'il y a une quelconque intention de lancer des attaques terroristes, cela sera combattu avec fermeté et avec toute notre force”, a averti le premier policier saoudien. Même si le principal souci des autorités locales est d'être en mesure de faire face, en urgence, à tout incident susceptible de perturber le déroulement du pèlerinage, les raisons qui ont motivé ces mesures exceptionnelles demeurent floues. En effet, aucune menace directe ou indirecte n'a été proférée, du moins pas ouvertement, par les organisations terroristes, notamment la nébuleuse Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden qui a décrété la guerre aux dirigeants wahhabites. Certains observateurs voient cependant dans cette démarche, hautement sécuritaire, une initiative visant plutôt à étouffer dans l'œuf toute velléité de contestation de la part de citoyens saoudiens, comme ce fut le cas, par le passé, à l'occasion du hadj. D'autres évoquent un moyen de contenir toute manifestation à caractère politique des chiites, particulièrement les Iraniens, qui ont de tout temps contesté la politique des quotas mis en œuvre par la famille royale saoudienne, un pèlerin pour cent mille habitants pour les pays musulmans. Il est reproché à Riyad de ne pas respecter ce dispositif pour les pays occidentaux, tels que la France qui a droit à vingt mille pèlerins, alors que sa communauté musulmane avoisine les cinq millions. K. A.