Le chef terroriste d'El-Mourabitoune, qui a revendiqué l'attentat contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako, dans la capitale malienne, s'apprête à annoncer la création d'un nouveau groupe terroriste qui serait l'extension d'El-Mourabitoune et sa fusion avec d'autres groupes activant particulièrement au Mali. L'information, qui n'a pas été confirmée puisque ne donnant aucun détail sur cette nouvelle alliance, encore moins sur sa dénomination, est cependant prise au sérieux par les services de renseignement et les spécialistes des questions sécuritaires dont certains ont livré leurs analyses, jeudi, dans des médias, notamment des chaînes de télévision. Outre qu'elle sert, accessoirement, à démentir sa mort, cette annonce s'inscrirait dans une nouvelle stratégie du groupe terroriste, laquelle stratégie serait induite par les développements sécuritaires dans la région. En effet, son attachement à Al-Qaïda lui a valu "une mise à prix" par l'Etat islamique qui s'est installé en Libye où il a trouvé refuge après l'intervention française au Mali. C'est au sud de la Libye qu'il aurait planifié l'attaque du site gazier d'In-Amenas, un no man's land où il a été repéré et fait l'objet d'un bombardement américain dont il est sorti indemne. Dans la région, il a pu, selon des observateurs, s'équiper en armement "dans ce marché à ciel ouvert", entraîné de nouvelles recrues tout en restant connecté à son fief naturel, le nord Mali, et ses alliés qui continuaient en son nom à perpétrer des attentats, notamment contre les services de sécurité maliens et les forces de la Minusma. La perspective d'une solution à la crise libyenne à laquelle s'attache le nouvel envoyé spécial qui a reformulé la proposition à même d'avoir l'adhésion des factions, jusque-là antagoniques, va certainement s'axer autour des questions politiques, mais surtout sécuritaires qui va voir se mobiliser les forces armées régulières et les milices autour du combat contre le terrorisme, Al-Qaïda au Maghreb islamique et l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) ; Belmokhtar devenant ainsi, de fait, une cible. D'où la création de ce nouveau groupe "fédérateur" des mouvements terroristes qui se veut une annonce de son retour au Mali. Une entreprise qui pourrait aboutir à son expérience d'alliance, avec Ansar Eddine et le Mujao malgré la méfiance que ce dernier inspire. Et surtout aux réseaux qu'il a tissés avec les tribus de la région nord. Certains analystes évoquent même un récent acheminement d'armes depuis la Libye. Ce qui va accroître davantage la menace. La rencontre entre le chef d'état-major, Gaïd Salah, et son homologue malien s'inscrit dans la stratégie de contrecarrer cette perspective et dans la logique d'"offre algérienne" aux pays du champ, qu'il avait faite lors de la réunion des CEM à Tamanrasset, il y a quelques mois. D. B.