Ce jeune comédien et metteur en scène a fait son petit bout de chemin dans le quatrième art, il vient de signer son "baptême du feu" sur les planches avec une très belle pièce théâtrale Amghar dhtamdoukelt (le cheikh et la belle), qui a été présentée au 7e Festival du théâtre amazigh de Batna. Ramzi Kedja est un comédien et metteur en scène qui fait partie de cette génération qui est en train de relever le défi et confirmer les bonnes performances qu'enregistre le théâtre régional de Batna lors de ses différentes sorties et prestations couronnées chaque fois de succès et primés dans différents festivals. Ayant travaillé énormément avec le metteur en scène Bouzid Chaouki, en 2010, 2013 et 2015, il décroche de nombreuses récompenses, comme le Prix de l'interprétation masculine au Festival du théâtre amazigh de Batna, et un autre prix au Festival du théâtre professionnel d'Alger. Dans le cadre de la 7e édition du Festival amazigh de Batna, qui s'est tenu du 23 décembre au 3 janvier dernier, il a présenté sa pièce Amghar dhtamdoukelt (le cheikh et la belle). Pour son "baptême du feu", en tant que metteur en scène, il a réalisé une œuvre relatant une légende amazighe inspirée du patrimoine de l'Ahaggar, mêlant des variantes amazighes entre le kabyle, le chaoui, et de la danse terguie. Pour cette première réalisation, Ramzi Kedja, a été conseillé par le metteur en scène Ben Brahim Fouzi. Ce jeune artiste a fait ses premiers pas sur les modestes planches des maisons de jeunes de la petite ville de Aïn Touta 35 km sud de Batna. Lors de notre rencontre avec cet artiste, Ramzi est revenu sur ses débuts avec un léger sourire, peut-être pour exprimer l'innocence, mais surtout la naïveté de cette époque, en nous confiant: "Je me rappelle bien qu'au collège, nous avions une enseignante de musique, Mme Farhi qui en cours n'enseignait pas uniquement la musique mais tout ce qui à rapport avec l'art, notamment le théâtre". Et de renchérir : "Elle distribuait des rôles dans de petites scénettes et j'ai beaucoup aimé à l'époque, je crois que c'était mon coup de foudre pour le 4e art. L'audace, l'amour et le fait de vouloir m'exprimer ont fait le reste". Suite à cette petite anecdote, le comédien enchaîne sur des faits importants pour lui. "Nous avons souvent tendance à parler du théâtre de Batna, qui a certes acquis sa notoriété, mais il faut dire comment cela s'est réalisé. C'est comme pour la musique ou l'art plastique, c'est l'arrière-pays, les zones rurales qui ont fourni les meilleurs éléments et c'est valable pour le théâtre." Et d'ajouter : "Les pionniers dans le domaine en plus de l'association Iguelilen, sont cheikh Rahmouni et Hamza Zeroual. Nous ne pouvons pas occulter leur rôle de précurseurs, aussi bien dans la relance et l'initiation, que dans le maintien de cette tradition, jusqu'à nos jours. Et pouvoir s'exprimer en chaoui au théatre, c'est magnifique." Notre jeune comédien et metteur en scène est marqué par cette époque de combat et d'incertitudes. D'ailleurs il affirme être "le fruit de cette persévérance et abnégation". Suite à de longues années dans l'anonymat et sans grands moyens, les artistes et bien d'autres amis de la scène et des arts ont représenté, Batna, voire tous les Aurès, modestement, mais avec sincérité et courage, jusqu'au jour où l'administration leur a ouvert ses portes en leur donnant la chance de vivre leur passion. R.H.