Démonstration de force. Hier, à la salle Atlas de Bab El Oued, le Rassemblement pour la culture et la démocratie a rassemblé plus de 4000 personnes venues de plusieurs régions du pays assister au meeting animé par Mohcine Belabes, président du parti. D'abord, il y a la symbolique. Le RCD fêtait, hier, ses 27 ans d'existence. «27 ans de résistance, 27 ans de lutte, 27 ans d'action, 27 ans de proposition», dira, d'emblée, Mohcine Belabes, ému par l'accueil triomphal auquel il a eu droit hier après-midi. Sous les youyous des militantes, venues en nombre, les cris de centaines de jeunes brandissant des drapeaux aux couleurs du parti et l'emblème national, le président du RCD semblait mal contenir son émotion. «Votre présence aujourd'hui en nombre aussi important a une signification politique», lancera-t-il à l'assistance chauffée à blanc. Cette forte présence des militants et sympathisants du RCD, poursuivra-t-il, est «une réponse cinglante à tous ceux qui ne cessent de dire que les citoyens algériens se désintéressent de l'intérêt général et de la politique. C'est aussi un désaveu pour ceux qui alimentent la propagande de la confusion pour absoudre le système de ces échecs, de turpitudes et de ses crimes, en répandant l'intox qui veut faire croire que tous les acteurs politiques sont les mêmes», dira-t-il à la foule galvanisée et scandant des slogans à la gloire du parti de l'opposition. La situation difficile que vit le pays et la crise multidimensionnelle qui le secoue, n'échappera pas à Mohcine Belabes qui, de la tribune, a tenu à délivrer un message d'espoir et de résistance. «Nous avons conscience que notre pays entre dans une période charnière de son devenir. Jamais les incertitudes et les doutes n'ont pesé aussi lourdement sur la vie politique, économique et donc sociale, c'est-à-dire sur notre quotidien. Certes, le pays vit une crise grave et complexe. Certes cette crise risque d'emporter la nation si nous restons spectateurs et inactifs. Mais nous savons aussi qu'une crise même grave et dangereuse peut être une opportunité pour se remettre en cause, pour agir et donner naissance à une ère nouvelle», lancera-t-il à la foule qui, en réponse au discours du président du RCD, entonnera aussitôt des chants patriotiques et hostiles au pouvoir. Alternative et transition démocratique Porté par une assistance en furie, Mohcine Belabes tentera d'expliquer tant bien que mal les axes principaux de sortie de crise que propose le RCD. «L'issue positive à cette crise ne peut venir de l'intérieur du système des clans», tranchera d'abord l'orateur. C'est pour cela, fera-t-il savoir, que nous avons pris l'initiative avec d'autres partis et personnalités de l'opposition pour construire ensemble l'alternative. On l'aura compris, Mohcine Belabes parle de l'instance de coordination et de suivi de l'opposition qui regroupe près de 30 partis politiques et personnalités nationales. Le président du RCD dira à ce propos que seule pareille alternative pourra redonner au peuple algérien sa «souveraineté», de construire ses «institutions» et de rédiger sa «Constitution», et enfin, d'élire librement ses «représentants». Une alternative, fera savoir encore Mohcine Belabes, qui ne peut être assurée sans «une transition démocratique pacifique et négociée». Transition, poursuit le président du RCD, qui doit déboucher ensuite sur «une réorganisation administrative avant d'engager une transition économique pour sortir d'un modèle rentier et engager une transition environnementale et énergétique pour garantir un développement durable par la valorisation et la préservation de nos richesses naturelles». Dans son discours, Mohcine Belabes n'a pas omis de revenir, d'autre part, sur l'article 51 de la Constitution qui a fait couler beaucoup d'encre. Ce pays appartient aussi aux Algériens résidant à l'étranger, dira-t-il. «C'est pour cela qu'il faudra aussi associer notre émigration dans cette œuvre de refondation. La diaspora est une source inestimable en ces temps d'affaissement de la formation et de la révolution numérique», a-t-il conclu.