Au moment où Farid Bedjaoui est activement recherché par la justice italienne, Chakib Khelil affirme l'avoir rencontré à Paris, lorsqu'il était encore ministre de l'Energie. L'homme en cavale, Farid Bedjaoui, un des intermédiaires soupçonné d'avoir orchestré le versement d'une commission de 198 millions d'euros par la société italienne Saipem à des officiels algériens, en contrepartie de la signature de contrats de marchés d'une valeur de 8 milliards de dollars avec Sonatrach, a bel et bien rencontré l'ancien ministre de l'Energie. Et c'est Chakib Khelil en personne qui l'affirme selon le quotidien arabophone Ennahar, qui a publié, ce jeudi, quelques extraits d'une interview télévisée avec l'ancien ministre, et qui sera diffusée en totalité, ce lundi, à 21h, sur la chaîne Ennahar TV. "J'ai rencontré Farid Bedjaoui dans la capitale française, à Paris, où il s'est présenté en compagnie de son directeur, comme conseiller à Saipem, et cela reste conforme à la loi. J'ai aussi personnellement rencontré des responsables, des ministres et des présidents de sociétés pétrolières à Paris, Genève et Washington. Chose qui est tout à fait normale et qui s'est même répercutée positivement sur l'économie nationale", a-t-il révélé. L'aveu de l'ancien ministre de l'Energie vient au moment où la justice italienne enquête sur un pot-de-vin de presque 200 millions d'euros, et où le concerné, Farid Bedjaoui, est activement recherché par les mêmes autorités judiciaires. Le scandale planétaire d'évasion fiscale Panama Papers a d'ailleurs récemment révélé qu'une partie de cette somme a été transférée dans un compte offshore. Pourtant, l'ancien ministre de l'Energie dit n'avoir accordé que 6 marchés à l'entreprise italienne Eni et sa filiale Saipem sur un ensemble de 70 marchés. "Les 900 000 euros et le fisc américain" Chakib Khelil a aussi reconnu détenir des comptes bancaires en Suisse où il a déposé 900 000 euros. "Ce sont des comptes où je plaçais l'argent de ma pension de retraite de la Banque mondiale. J'ai transféré cet argent en Suisse pour ne pas avoir à payer des impôts aux Etats-Unis. J'ai engagé ensuite un avocat et j'ai à nouveau transféré cet argent aux Etats-Unis", a-t-il indiqué. Pour rappel, en octobre 2013, la justice algérienne avait réclamé les documents bancaires de comptes en Suisse de l'épouse de Chakib Khelil et de ses deux enfants. L'ancien ministre a aussitôt engagé un avocat suisse pour faire échouer la procédure. Les développements au sommet de l'Etat à partir de 2014 ont fini par freiner la procédure judiciaire. Par ailleurs, Chakib Khelil a fait savoir qu'il a rencontré l'ex-patron du DRS, le général de corps d'armée à la retraite, Mohamed Mediene, dit Toufik, à quatre reprise. Il dit aussi que le DRS était au courant de tous les agissements de Farid Bedjaoui et que certains éléments lui ont demandé d'intervenir dans des attributions de marchés. Se voulant même ironique, Chakib Khelil dira : "On m'a dit que si j'avais joué au football avec Toufik, j'aurais évité tous ces problèmes." Enfin, l'ancien ministre de l'Energie a tenté de se placer au dessus de la mêlée en soutenant à l'égard du patron du FLN, Amar Saâdani, et de celui du RND, Ahmed Ouyahia, qui le défendent pourtant, qu'"ils font dans le populisme politique". Mehdi Mehenni