"L'état des lieux de l'hippodrome du Caroubier est si inquiétant qu'il ne prête guère à l'optimisme. D'où l'impératif de l'élaboration d'un projet de sauvetage à la dimension d'un plan Marshall." L'hippodrome du Caroubier baptisé du nom de Aouchiche-Abdelmadjid sera, d'ici peu, la destination privilégiée dans l'agenda des sorties des week-ends algérois, à la faveur d'un projet pharaonique sur lequel réfléchit à l'heure qu'il est, le staff de la Société des courses hippiques et du pari mutuel, a-t-on su de H. Mourad, le responsable d'édition du journal La Course que publie l'ancienne Société des courses d'Alger : "L'ébauche ambitionne de relancer l'exhibition du cheval à l'aide d'un programme de courses-spectacles pour le grand public qui a déserté nos gradins. Alors et pour extraire l'hippodrome des bas-fonds dans lesquels l'a englué l'axe de l'ignorance et de l'obscurantisme, nous envisageons de réhabiliter d'abord la carte de nos infrastructures d'accueil et d'hébergement pour mieux valoriser l'hippodrome et pour être à l'accueil du public, voire des familles qu'on estime à 10 000 visiteurs par semaine. L'objectif consiste à réconcilier le citoyen avec l'usage coutumier qui l'avait lié de tout temps au cheval de la fantasia de l'Algérie profonde ainsi qu'avec le divertissement des courses dans un site féerique et à l'aspect didactique pour les enfants. Outre cela, il sera loisible au chef de famille de familiariser ses enfants avec l'étalon de chez nous, comme cela se fait sous d'autres cieux", a déclaré notre interlocuteur. À ce propos, le patrimoine de biens immeubles, particulièrement le parc de salles de restaurants et de pizzerias, est disponible à volonté et de première qualité notamment en matière d'esthétique architecturale. Donc, et pour peu qu'ils soient rénovés, à l'instar de la légendaire auberge "Le cheval blanc", il faut résorber l'amas d'ordures, abandonné au seuil de son accès, témoignant du laisser-aller, sinon du peu d'intérêt de la direction de l'hippodrome, qui au jour de notre visite, durant la matinée du 18 juillet, prétend remédier à l'état de déliquescence de ce fleuron mais pourtant fait le contraire. Vidé de son mobilier et meublé de bric et de broc, "Le cheval blanc" s'en va ainsi à vau-l'eau avec des gradins affreusement vides contigus à la piste d'une longueur de 1600m! Donc, et d'ici le temps de dénicher le mécène qui voudrait bien mettre la main à la poche, il ne restera pas grand-chose de l'auberge, à moins que les services de la wilaya d'Alger ne daignent s'en mêler pour sauver les... meubles! Du reste, le délai de deux années que s'est donné la direction générale pour satisfaire à une procédure aussi lente qu'harassante, reste tributaire de l'élan des investisseurs qui consentiront à investir de l'argent frais pour remettre à... "flot" une pizzeria, quatre buvettes et une cafétéria : "Certes vu l'arrêté du 23 Dhou El Hidja 1423 correspondant au 24 février 2003, inhérent à l'organisation interne de la Société des courses hippiques et du pari mutuel, il n'est pas dans nos prérogatives de gérer les métiers de l'hôtellerie. Ceci dit, nous allons convenir de la formule d'adjudication des locaux au plus offrant des opérateurs, afin de réunir les fonds nécessaires à la mise en valeur de l'hippodrome, sans pour autant prétendre à l'apport du Trésor public", a tenu à préciser notre interlocuteur. C'est qu'il (le staff) a les moyens de ses prétentions à la faveur d'une somme d'arguments, dont une cinquantaine d'écuries mises à la disposition de cinquante éleveurs ainsi qu'une vingtaine d'entraîneurs et autant de lads et de jockeys, dont trois filles, a-t-on appris. C'est dire qu'à l'issue du tour du propriétaire, force est de conclure que l'état des lieux tout déglingué de l'hippodrome du Caroubier est tellement inquiétant qu'il ne prête guère à l'optimisme. D'où l'impératif de l'élaboration d'un projet de sauvetage à la dimension d'un plan Marshall, puisqu'il emploie 300 travailleurs et fait vivre 2000 saisonniers par ricochet. Pis encore, et nonobstant qu'il a sous sa tutelle 9 hippodromes dont ceux de Zemmouri El Bahri, El Eulma, Tiaret, Djelfa, Barika, Essenia-Oran, M'sila et Laghouat, le mieux est que le plan de sauvetage de l'hippodrome du Caroubier soit accompagné de l'avis expert d'un panel pluridisciplinaire d'ingénieurs d'affaires. Ce n'est qu'à cette condition que l'hippodrome du Caroubier sortira de la misère culturelle dans laquelle il est englué. Pendant ce temps, il y a à l'horizon le centre équestre de la défunte DNC, l'immensité qui est gérée par l'Office des parcs des loisirs de la wilaya d'Alger (OPLA), qui n'est pas logée non plus à bonne enseigne. En témoigne l'état broussailleux des lieux. À ce propos, une source qui a requis l'anonymat a déclaré : "Il serait judicieux, pendant qu'il est encore temps, de désister l'établissement de la wilaya d'Alger, l'OPLA de la gestion de cette infrastructure et de la verser à l'actif de la Fédération équestre algérienne afin qu'elle soit utilisée pour la formation de jeunes et servir de lieu d'une mise au vert pour des équipes nationales de différentes disciplines". C'est dire qu'on est loin d'un projet d'envergure, car il y a tant à dire quant à la faisabilité de la chose. Pour l'histoire, le quartier du Caroubier doit son nom à un vieil arbre de 10m de haut qu'était situé près de la voie des CFRA et de la RN reliant Hussein-Dey à Maison-Carrée. Louhal N.