Confronté à la montée du terrorisme dans la province du Sinaï et à une crise sociale aiguë, l'Egypte joue toutes ses cartes pour amener les parties libyennes à un accord. L'instabilité de la Libye est un danger pour Le Caire et toutes les capitales voisines de Tripoli. L'Egypte tente de peser de tout son poids dans le processus de paix et de réconciliation en Libye, dans un contexte sécuritaire local et régional qui oblige Le Caire à s'impliquer davantage dans la crise libyenne. Dimanche, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, a reçu une délégation du Parlement élu et exilé à Tobrouk, dans l'espoir de les convaincre à reconnaître le gouvernement d'union nationale, issu du processus de paix onusien, et à soutenir également l'armée libyenne dans sa lutte contre les terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et la branche libyenne de l'autoproclamé Etat islamique (Daech), lit-on dans un communiqué publié, hier, sur la page facebook de Sameh Choukry. Composée de quarante députés, la délégation parlementaire libyenne a été conduite par le vice-président du Parlement, Mohammed Shoaïb. "Au cours de la réunion, le ministre Sameh Choukry a exprimé (...) le souci de l'Egypte de fournir toutes les formes de soutien aux institutions de l'Etat libyen afin d'assurer la sécurité et la stabilité de la Libye et la préservation de sa souveraineté et son intégrité territoriale", a indiqué ce communiqué. La réunion a été aussi l'occasion pour Le Caire d'insister sur la nécessité de la poursuite du dialogue politique interlibyen, en situation de blocage depuis des mois, en raison du refus du Parlement de Tobrouk d'accorder sa confiance au gouvernement d'union, issu de l'Accord de Skhirat du 17 décembre 2015. Confrontée, elle aussi, à la montée du terrorisme dans la province du Sinaï, l'Egypte est également menacée dans sa sécurité du côté libyen, avec lequel, Le Caire partage une frontière de 1 115 kilomètres linéaires. Ce qui explique l'intense activité diplomatique du Caire pour désamorcer la crise libyenne. Une réunion entre les parties libyennes opposées à l'accord de Skhirat et le gouvernement d'union nationale de Fayez al-Serraj aura lieu prochainement au Caire, alors que la lutte contre Daech connaît depuis quelques jours un nouveau tournant avec l'implication directe de l'armée américaine dans la bataille de Syrte. Les Etats-Unis s'étaient contentés, jusque-là, de mener des frappes ciblées contre les chefs terroristes, dont celle qui a visé le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar en juin 2015 dans l'Est libyen, sans, toutefois, confirmer sa mort. Ce qui n'est pas le cas de l'Egypte qui a mené plusieurs frappes aériennes contre les fiefs terroristes en Libye, durant l'année 2015, tout comme son allié émirati qui soutient les forces armées libyennes aux ordres du controversé général à la retraite Khalifa Haftar. Ce dernier bénéficie d'un soutien politique et d'une aide militaire importants de la part de ces deux pays, malgré les appels à son exclusion du processus de paix en cours et à son arrestation pour sa présumée inféodation à Washington. Lyès Menacer