Le Rassemblement algérien des femmes démocrates (Rafd) a dénoncé, dans une déclaration rendue publique hier et intitulée “Vingt ans, ça continue”, les dispositions “discriminatoires” contenues dans le projet d'ordonnance endossé le 22 février dernier par le Conseil des ministres. Le Rafd, qui relève une “logique progressiste” dans les amendements introduits dans le code de la nationalité, regrette que cette même logique n'ait pas pesé quant à la révision du code de la famille. Le maintien du tuteur matrimonial, “entre autres discriminations confirmées”, est qualifié par le Rafd d'“injure aux femmes et à la Constitution” car le renforcement des droits des femmes que la loi fondamentale du pays garantit aurait dû impliquer “des lois civiles égalitaires”. S'en prenant à demi-mot au chef de l'Etat, les rédactrices de la déclaration rappellent qu'“être garant de la Constitution, c'est veiller à ce qu'aucune loi d'aucune sorte ne vienne entamer l'égalité entre les Algériennes et les Algériens”. Le maintien de la polygamie, certes soumise désormais à l'appréciation des juges, n'est pas non plus du goût du Rafd qui considère que lorsque “les compétences des magistrats et les deniers publics servent à déterminer l'aptitude à la polygamie (…)”, les femmes ne peuvent entendre cela comme “une précaution supplémentaire” mais comme “une insulte”. Le Rafd conclut sa déclaration en réfutant l'idée selon laquelle ces “réaménagements” seraient “des concessions aux islamistes” ou encore “le résultat d'un soi-disant rapport de force”. C'est là “l'expression d'une vision anachronique de la société, un déni des sacrifices des femmes (…) contre vents colonialistes et marées intégristes”. F. L.