"Les sommes d'argent dépensées dans les voyages à l'étranger sont supérieures à celles allouées aux soins des travailleurs de l'éducation." Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) Boualem Amoura, le chargé de la pédagogie au bureau national M'hand Hand Ouali ainsi que le coordinateur de wilaya, Merzouk Hebib ont animé hier une conférence de presse à Tizi Ouzou où ils sont revenus sur la nouvelle rentrée scolaire et la situation générale du secteur de l'éducation au niveau national et local. D'emblée, Boualem Amoura a évoqué les départs massifs à la retraite qui ont atteint la barre incroyable de 30 000 enseignants, alors que 40 000 autres dossiers ont été, entre-temps, déposés. Un chiffre qui atteindra d'ici à la fin du mois en cours, les 70 000 demandes, ce qui est excessif, a-t-il indiqué. "Ces départs ont engendré un déficit dans l'encadrement et chez le corps enseignant dans le secteur de l'éducation qui ne s'était malheureusement pas préparé à une telle saignée. Nous allons perdre des enseignants qui ont une longue expérience, ce qui risque de se répercuter sur le niveau scolaire de nos enfants", a-t-il mis en garde. L'autre point évoqué par Amoura et le non-achèvement des établissements en chantier qui accumulent un retard important. En effet, "sur les 138 lycées et les 107 CEM programmés à l'échelle nationale, seuls 49 lycées et 38 CEM ont été réalisés alors que sur les 1 263 salles de classes primaires prévues, 355 seulement ont été ouvertes", déplore le conférencier. Quant au dossier des œuvres sociales de l'éducation, Boualem Amoura n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour crier au scandale et à la mascarade en affirmant : "Nous avons toujours dit que l'argent des œuvres sociales est le bien de tous les travailleurs de l'éducation. L'ancien bureau de la commission nationale des œuvres sociales, entre 2012 et 2015, a promis de présenter annuellement son bilan, mais malheureusement, c'est en 2015 qu'elle a donné les comptes sous la menace de la ministre de l'Education. Dans ce bilan, on retrouve, curieusement, des gens étrangers au secteur de l'éducation qui bénéficient des avantages des œuvres sociales de l'éducation." Amoura ira jusqu'à affirmer énergiquement que "ce bilan fait ressortir que l'argent dépensé dans les voyages à l'étranger est supérieur à celui alloué aux soins des travailleurs de l'éducation !" tout en ajoutant que "cette commission, composée de 15 à 20 personnes, ont consommé 30% du budget total des œuvres sociales. Après le gel de ces œuvres en 2010, cette même commission s'est retrouvée, en 2012, avec un cumul de 4 000 milliards de dinars ! Une somme colossale qui dépasse le budget de huit pays africains ! Où est donc passé cet argent ? Et ce que je dis est très grave, mais je l'assume." Le SG du Satef annoncera, par ailleurs, une grève cyclique à l'appel de l'alliance syndicale, composée de 17 syndicats, les 17 et 18 octobre puis les 24 et 25 octobre prochains, par rapport à la suppression de la retraite anticipée. "Nous n'avons pas été consultés à ce sujet et tous les partenaires sociaux ont été écartés du dialogue. Nous avons des propositions à faire dans ce sens", a-t-il indiqué. Par ailleurs, M'hand Hand Ouali et Merzouk Hebib ont dressé, de leur côté, un tableau peu reluisant de la gestion du secteur de l'éducation à Tizi Ouzou où "même les déclarations du Satef sont désormais interdites d'affichage à la direction locale de l'éducation", ont-ils dénoncé. K. Tighilt