"Le besoin brise les barrières sociales et, ma foi, je n'ai pas assez d'argent pour m'offrir les grandes marques, alors je viens ici dénicher les bonnes affaires", dit cette dame sans complexe. Des habits classiques dernière tendance en passant par le style sportwear et les vêtements de ville, les clients lambda se bousculent depuis une semaine au marché de la friperie d'El-Hamri pour trouver de quoi vêtir leurs enfants avec un large éventail de produits proposés à la vente. "Pour 1 000 dinars, vous pouvez vous offrir une chemise à 200 dinars, un pantalon pour enfant à 300 dinars, des pull-overs à 200 dinars et des baskets en bon état à 300 dinars", affirme un père de famille. Malgré l'interdiction de l'importation prise par les pouvoirs publics, la friperie reste la source d'approvisionnement en vêtements usagés de milliers de familles à Oran. "La friperie est, pour nous les pauvres, le seul moyen d'acheter des vêtements à nos enfants à des prix abordables pour les fêtes et la rentrée scolaire", affirme un autre père de famille. La cherté de la vie, un pouvoir d'achat en berne, la scolarité des enfants et les dépenses imprévues siphonnent le budget des ménages, et l'argent réservé à l'habillement rétrécit comme peau de chagrin. "Il n'y a pas que les familles démunies qui viennent s'approvisionner chez nous en vêtements fripés mais aussi des ménages moyens qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts", affirme Hamou, fripier à El-Hamri. Notre interlocuteur nous montre un lot de vêtements presque neufs soigneusement étalés dans un coin de son box. "De nombreuses familles trouvent des articles de marque jamais utilisés qui ont été refusés à cause d'un petit défaut de fabrication", ajoute-t-on. Ce père de famille de trois enfants précise que son salaire de postier ne lui permet pas d'acheter les vêtements pour ses enfants, notamment durant les fêtes. "La rentrée scolaire, les fêtes religieuses et de fin d'année sont des dates ponctuelles auxquelles je ne saurais échapper pour offrir à mes enfants des habits de qualité et de marque", dit-il. Pour lui comme pour beaucoup de familles, le marché d'El-Hamri constitue un point de chute incontournable. "Le besoin brise les barrières sociales et, ma foi, je n'ai pas assez d'argent pour m'offrir les grandes marques alors je viens ici dénicher les bonnes affaires", avoue cette dame sans complexe. Ainsi, le marché de friperie demeure "une place de choix" pour les citoyens à moyens et bas revenus. Regroupant toutes sortes de vêtements et de chaussures, le marché de friperie d'El-Hamri ne cesse d'attirer de nouveaux clients. "Avec les nouvelles mesures de la loi de finances 2017 et l'érosion du pouvoir d'achat, le marché d'El-Hamri verra une affluence record de familles en quête de vêtement dégriffés et à moindre coût", confirme notre interlocuteur. K. REGUIEG-ISSAAD