Désormais en position de force sur le terrain, après les victoires de son armée contre l'opposition, le président syrien dit qu'il veut "libérer chaque centimètre carré" de la Syrie tout en se disant disposé à discuter de "tout" lors de ses pourparlers avec l'opposition. Dans des interviews accordées à des chaînes de radio et de télévision françaises, RTL, France Info et LCP, le chef de l'Etat syrien a réaffirmé sa fermeté vis-à-vis de l'opposition, notamment celle armée qui continue à occuper des positions sur le terrain, en affirmant que s'il restait ouvert à la négociation, il est également déterminé à libérer entièrement son pays. Bachar al-Assad a ainsi indiqué que son gouvernement est disposé à discuter de "tout" lors de ses pourparlers avec l'opposition, dont pour le moment aucune date n'a été fixée, et qui devraient se dérouler à Astana, au Kazakhstan. Mais il accompagne son offre de négocier d'une poursuite de libération de "chaque centimètre carré" de son pays. "Nous avons la légitimité pour libérer n'importe quelle zone contrôlée par les terroristes, quel que soit le nom qu'ils se donnent. Qu'ils s'appellent Etat islamique, qu'ils s'appellent al-Nosra, qu'ils se disent modérés ou bien Casques blancs, nous n'avons rien à faire des noms", a martelé le président syrien sur la radio privée RTL. Qualifiant de "terroristes" tous les opposants à son régime, Bachar al-Assad a balayé d'un revers de main les accusations de crimes de guerre dont est accusé son régime, notamment "tortures de prisonniers, largages de barils explosifs sur les populations civiles, bombardements d'hôpitaux". "Si on avait fait des choses pareilles, nous n'aurions pas eu de soutien, je ne serais plus président, le gouvernement ne serait plus là", a rétorqué le président syrien, avant d'ajouter : "Nous avons pu résister durant toute la guerre parce que nous avons le soutien populaire. Et vous ne pouvez pas avoir le soutien populaire, si vous tuez vos propres citoyens. Donc toute cette histoire ne tient pas debout." Revenant sur les négociations avec l'opposition, Bachar al-Assad dira : "On ne sait pas qui représentera l'autre partie", tout en soulignant vouloir parler à la "vraie" opposition syrienne. "Quand je dis «vraie», je veux dire qui a ses racines en Syrie, pas la saoudienne ou la française ou la britannique... Ça doit être une opposition syrienne pour discuter des problèmes syriens, le succès de cette conférence dépendra de ce point", a-t-il expliqué. Tout en se disant "prêt à discuter" avec les groupes rebelles, le chef de l'Etat syrien a exclu le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique et Fateh al-Cham, ancienne branche syrienne d'al-Qaïda. Sur un autre plan, Bachar al-Assad a accusé la France de mener "une politique de l'autruche", en assurant qu'elle était moins en sécurité qu'auparavant, tout en se montrant favorable à la vision du candidat français de la droite à l'élection présidentielle, François Fillon. Pour rappel, ce dernier juge "indispensable" de discuter avec l'actuel président syrien, qu'il voit comme un rempart contre le "terrorisme". À signaler enfin que le président syrien a exclu tout cessez-le-feu dans la région de Wadi Barada où les combats faisaient rage hier entre l'armée et groupes terroristes pour le contrôle des sources d'alimentation en eau de Damas. "Le rôle de l'armée syrienne est de libérer ce secteur afin d'empêcher les terroristes d'user de (l'arme de) l'eau pour faire suffoquer la capitale", a-t-il déclaré. Merzak Tigrine