Les sociétés qui doivent acquérir des véhicules pour les besoins de leur flotte vont devoir désormais s'adresser directement au produit local, faute de pouvoir importer. L'Algérie vit l'ère du rationnement. Les particuliers qui ont sollicité des crédits automobile ces derniers temps, en ont eu un avant-goût. Même si le prêt est accordé par la banque, il faut attendre au moins huit mois, selon une source sûre proche du marché, avant de prendre possession de son véhicule, la Renault Symbol ou la Sandero, les véhicules montés localement pour le moment. La récente note de la Banque d'Algérie qui suspend l'importation de véhicules par les particuliers et par les entreprises en attendant qu'un mécanisme soit institué, risque d'accentuer le problème de disponibilité de véhicules au cours du premier semestre 2017. Car ces sociétés qui doivent acquérir des véhicules pour les besoins de leur flotte vont devoir désormais s'adresser directement au produit local, faute de pouvoir importer. Une demande supplémentaire que doivent couvrir ces deux entreprises qui procèdent au montage de véhicules localement. Ce qui aggravera l'indisponibilité. Il faut savoir que cette situation de rareté est due à des restrictions à l'importation. Il est prévu en 2017 un quota de seulement 50 000 véhicules particuliers au titre des licences d'importation à répartir entre les concessionnaires qui ont projet un industriel dans le secteur de l'automobile (projet de montage de véhicules ou de fabrication de pièces détachées), les dossiers devant être déposés avant fin 2016 au ministère de l'Industrie et des Mines. Ce département n'a pas encore attribué les licences d'importation, en clair, il n'a pas déterminé le quota de chaque concessionnaire. Il n'a également pas accordé d'autorisations aux autres concessionnaires qui ont ficelé leur projet industriel. Par ailleurs, si l'usine Renault envisage de passer à une cadence supérieure en 2017 avec le montage de 60 000 véhicules particuliers, cette production et celle de Cima Motors conjuguées aux importations ne couvriront que partiellement la demande estimée à 200 000 véhicules par an. Quant aux autres concessionnaires qui ont un projet industriel, comme Sovac, Nissan, leurs produits montés en Algérie sortiront de leurs usines à partir de juin prochain avec une capacité réduite de 10 000 véhicules par an. En attendant que plusieurs projets de montage de véhicules puissent monter en cadence, l'Algérie est donc dans une période transitoire marquée par la rareté du véhicule et une redistribution des cartes au profit des concessionnaires qui ont obtenu ou obtiendront rapidement l'autorisation d'ériger une installation de montage de véhicules. Il faudra attendre un an, voire deux ans, pour que le marché de l'automobile se stabilise. À noter, in fine, que "ce cafouillage, qui est devenu la norme en Algérie ces dernières années, aurait pu être évité lorsque les autorités ont mis en place le système de quota des licences d'importation. Les pouvoirs publics auraient dû, dès le départ, prévoir les mécanismes qui doivent encadrer ce genre d'importation pour compte et laisser l'entreprise travailler en toute sérénité d'autant que le véhicule au sens de la loi relative au cahier des charges l'étend jusqu'aux poids lourds", observe Mohamed Kessel, spécialiste en finances et en commerce extérieur. Une définition qui peut entraîner des confusions et des problèmes d'interprétation, ajoute l'expert. K. Remouche