Le prix de la semoule a connu dernièrement une hausse vertigineuse chez certains commerçants qui a atteint jusqu'à 60% pour les sacs de 25 kg de semoule de qualité normale. Ce produit subventionné est vendu jusqu'à 75% plus cher dans les emballages divisionnaires de 1 kg, 2kg et 5kg de la semoule supérieure. La farine aussi est cédée à des prix oscillant entre 70 et 80 DA le kg. Ainsi, contrairement au prix administré par le décret exécutif 402-07 de 2007 qui fixe le prix de semoule de qualité normale à 900 DA pour le sac de 25 kg, et celui de la semoule de qualité supérieure, à raison de 1 000 DA, certains spéculateurs, qui profitent de la hausse généralisée des produits de consommation depuis le 1er janvier, la commercialisent désormais à hauteur de 1 600 DA, au détail, selon les données en provenance de plusieurs régions du pays, notamment de l'Est, selon les indications fournies par l'Association nationale de protection des consommateurs (Apoce). Cette organisation nationale a lancé le 1er février dernier une campagne contre la cherté du prix de la semoule. "Les échos sont favorables", a indiqué, son président, Mustapha Zebdi, qui a fait état du respect du prix plafonné de cette matière par de plus en plus de minotiers et de grossistes. Mais aussi, que la campagne contre la spéculation a suscité la réaction des citoyens contre la cherté inexpliquée de ce produit de base. Selon notre interlocuteur, jusqu'à 150 plaintes pour augmentation illicite du prix atterrissent chaque jour sur les bureaux de l'Association de protection des consommateurs. À ceux-là viennent s'ajouter les requêtes des grossistes contre les pratiques spéculatives des producteurs. L'ampleur de ces pratiques a poussé l'Apoce à passer à l'acte et à déposer 21 requêtes nominatives contre les producteurs qui enfreignent la loi, notamment les dispositions du décret 402-07 qui fixe le prix du blé dur à la production et aux différentes étapes de sa distribution. M. Zebdi dira qu'"après avoir saisi le ministère du Commerce sur ces augmentations, l'organisation est en train de réfléchir à une enquête qu'elle lancera pour faire la lumière sur cette question. La spéculation a provoqué la rareté des sacs de 25 kg de semoule, que certaines marques ont même cessé de produire". Pis, des minoteries auxquelles l'Office national intercéréalier (OAIC) vend le blé tendre à 1 280 DA le quintal, le revendent en l'état, comme aliment du bétail, à 2 500 DA le quintal. D'après M. Zebdi, il y a un vide juridique. "Les augmentations au détail, qui ont atteint 75% ne sont pas sanctionnables et ne constituent pas une infraction aux yeux des organismes de contrôle, parce que le décret de 2007 ne mentionne pas de conditionnement de 1 kg et 2 kg". Ce qu'il juge comme "aberrant", en osant une similitude avec d'autres produits subventionnés de large consommation, notamment le lait. "C'est comme si demain, une laiterie va conditionner le lait dans des sachets d'un demi-litre pour le vendre à 50 DA. Personne n'osera lui demander des comptes", a-t-il dit, en ajoutant qu'"on est en train d'ouvrir des brèches aux spéculateurs". D'ailleurs, s'est-il interrogé, "pourquoi, le ministre du Commerce, qui est au courant de cette pratique spéculative, reste sans réaction ?" Mustapha Zebdi fait, pourtant, le parallèle avec le sucre en vrac et conditionné de 1 kg qui a été réglementé dans le sillage de crise de 2011, en se demandant, pourquoi pas la semoule ? Et l'Association des consommateurs d'interpeller directement le Premier ministre Abdelmalek Sellal en sollicitant son intervention pour mettre un terme à cette anarchie qui est en train de régner. AMAR RAFA