Près d'un milliard de dollars va directement dans la poche d'une mafia «qui n'hésite pas à voler le citoyen et à violer la loi», s'est indigné Mustapha Zebdi. Vendue jusqu'à 1500 DA le sac de 25 kg au lieu de 1000 DA, la semoule est l'un des principaux produits, pourtant subventionnée par l'Etat, dont les prix ont été revus à la hausse «illégalement» par des grossistes et des minoteries. Une fraude pratiquée au vu et au su de tous et que l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (l'Apoce) compte combattre fermement. Invité, hier, au forum d'El Moudjahid, le président de ladite organisation pointe du doigt d'abord les minoteries qui «gonflent jusqu'à 60% le prix réel de la semoule». Selon lui, plusieurs d'entre elles ont créé leur propre réseau faisant perdre à l'Etat et au citoyen des centaines de millions de dollars. «Un milliard de dollars va directement dans la poche d'une mafia qui n'hésite pas à voler le citoyen et à violer la loi», s'est indigné Mustapha Zebdi. «Elles (les minoteries) ne travaillent qu'avec un groupe de distributeurs qui s'arrangent pour établir de fausses factures», enchaîne-t-il. Ainsi, aux yeux des contrôleurs, la minoterie a bel et bien respecté les prix de vente, le distributeur aussi ; mais une fois arrivée chez le commerçant, la semoule est vendue à une somme plus élevée. Ces derniers justifient cette hausse par la dégringolade de la valeur du dinar, les nouvelles taxes prévues par la loi de finances 2017, le marché parallèle… Mais pour l'Apoce «les prix des produits subventionnés par l'Etat tels que la semoule, le sucre, la farine, le blé le gaz sont fixes et doivent le rester en toute circonstance». M. Zebdi rappelle que tous ceux qui tentent d'enfreindre la loi risqueraient la fermeture du commerce et une amende d'un milliard de centimes. Comment donc expliquer la spéculation des prix en dépit de l'existence de ces lois incriminant les spéculateurs ? Mustapha Zebdi estime que les directions de commerce ont leur part de responsabilité, puisque certaines d'entre elles, affirme-t-il, preuve à l'appui, ont clairement publié sur leur site officiel les prix de la semoule, de l'orge et du blé qui ne sont pas ceux prévus par la loi. Il y a ensuite la direction de la répression qui «ne joue pas le jeu». «Dire que les contrôleurs ne sont pas au courant c'est faux, mais ils ne peuvent pas agir contre les minoteries et les grossistes lorsque les factures sont conformes et les prix sur les produits ne sont pas étiquetés dans les commerces». Comment lutter ? L'invité du Forum est convaincu que le citoyen représente le 5e pouvoir capable de lutter contre cette fraude en dénonçant la hausse des prix. Citoyens, dénoncez ! Une campagne contre l'augmentation des prix des produits subventionnés sera lancée à partir du 1er février prochain, informe M. Zebdi. «Nous n'avons rien pu faire pour l'instant pour dénoncer les prix des fruits et légumes, nous avons donc décidé de commencer par la semoule». L'Apoce a mis sur sa page Facebook, la liste des numéros des directions du commerce de toutes les wilayas, ainsi que des requêtes que les citoyens-témoins pourront remplir sur place en motionnant l'adresse du commerce en question. L'Organisation pourra ainsi agir en contactant les agents de contrôle. «Ce qui est destiné au peuple doit revenir au peuple, c'est notre objectif et nous tenons à l'atteindre» a promis Mustapha Zebdi qui dit aussi détenir des preuves en vidéo de certaines minoteries qui détournent le blé et l'orge au profit de certains producteurs de boissons alcoolisées ou vendus à des agriculteurs au prix double.