Le nombre des mères célibataires n'ayant pas "abandonné leurs enfants" est de 363, dont la plupart sont des mineures et des jeunes filles de moins de 20 ans. La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, s'est exprimée, hier, sur la situation "difficile" et "la vulnérabilité" des mères célibataires. Invitée à l'émission "Invité de la rédaction" de la radio Chaîne III, elle a souligné que "ce sont des victimes et des cas sociaux qui subissent une grande marginalisation". La ministre a révélé que 1 237 enfants sont nés hors mariage, des chiffres qui concernent seulement les enfants "placés" dans les centres étatiques, en notant que le nombre des mères célibataires n'ayant pas "abandonné leurs enfants" est de 363, dont la plupart sont "des mineures et des jeunes filles de moins de 20 ans". Mme Meslem a plaidé pour la levée du "tabou" sur ces femmes, car elles "n'ont pas cherché à être des mères célibataires". "Ce sont des femmes qui ont subi des violences et qui vivent dans la détresse. On doit les aider et les insérer dans la société ; on doit les accompagner pour qu'elles s'en sortent", a-t-elle indiqué. Aujourd'hui, si la ministre a décidé de briser le silence, c'est parce que "la société est en train d'évoluer" et parce que derrière le tabou, "il y a les malheurs" de ces femmes, leur "cadre de pauvreté" et leur "dépendance financière et économique". "Nous devons dire que ce sont des cas qui existent dans la société ; nous ne devons pas être hypocrites, nous devons être responsables", a affirmé la ministre, précisant que dans cette affaire, "la responsabilité revient aux deux, à l'homme et à la femme". Pourtant, pour ne pas stigmatiser davantage les mères célibataires, elle rejettera l'idée de "programme spécial" pour cette catégorie et préfèrera parler de "programmes" destinés à aider et à accompagner "toutes les couches vulnérables" de la société, où "les mères célibataires font partie de cette catégorie de citoyens et bénéficient de l'aide de l'Etat". La ministre a également marqué quelques hésitations concernant la mise en place d'un "nouveau mécanisme législatif" pour protéger les mères célibataires, estimant que le problème concerne la société algérienne et doit, donc, être posé à tout le monde, "à la société civile, aux élites, aux politiques, à la mosquée, aux religieux". Excluant la complicité des imams qui procèdent au mariage par la Fatiha sans l'acte de mariage civil, exigé pourtant par la nouvelle réglementation, Mounia Meslem a confié que "ce n'est pas une question d'application de la loi, puisque la loi algérienne reconnaît le mariage par la Fatiha", en rejetant la faute sur "les maris qui sont irresponsables après un acte pareil (l'acte sexuel, ndlr)". Mais, elle finira par appuyer l'idée d'obliger les imams à "exiger l'acte civil", afin de "préserver les droits des femmes et des enfants nés hors mariage". Plus loin, se référant au discours du président Bouteflika, du 8 mars 2015, la ministre a laissé entendre qu'il faut revoir "quelques textes du code de la famille". "Cette réforme, dira-t-elle, est impérative, pour régler notamment le cas des femmes divorcées et âgées, contraintes de quitter le logement familial ou bien de celles, divorcées, qui se remarient et qui risquent de perdre le droit de garde de leurs enfants, ainsi que les femmes victimes d'un mariage par la Fatiha". Interrogée sur les mesures d'accès des femmes aux postes de responsabilité, Mme Meslem a soutenu qu'elles sont "insuffisantes". D'ailleurs, elle annoncera qu'une commission intersectorielle chargée du suivi de l'application de la parité a été mise en place par son département, pour "pouvoir suivre et vérifier, secteur par secteur, le taux d'application de la parité en matière d'accès des femmes aux postes de responsabilité". Hafida Ameyar