Résumé : Le client appréciera hautement le choix de Yamina et opte pour le parfum qu'elle lui propose. Cette dernière ne put quitter le magasin qu'après son départ. Il se faisait tard, et Slimane s'inquiéta pour elle. La circulation était fluide sur l'autoroute, et une demi-heure plus tard Yamina arrivait chez elle. La nuit était fraîche. Elle met son véhicule au garage et s'empresse de monter les escaliers menant au premier étage. Slimane était dans son bureau. En entendant ses pas, il sortit. -Ah ! Enfin ! Te voilà Yamina ! Sais-tu que tu m'as donné des sueurs froides ? -Pourquoi donc ? Ce n'est pas la première fois que je tarde au magasin. -Heu... non, mais je me demandais si tu n'avais pas décidé de changer d'itinéraire aujourd'hui pour rentrer chez tes parents. -Ah ! Je comprends mieux. Tu reconnais donc tes torts, mon cher mari ? Il baisse les yeux. -Yamina, s'il te plaît, oublions notre petit malentendu d'hier soir et enterrons la hache de guerre, veux-tu ? Elle dépose son sac sur une commode dans le hall et se débarrasse de ses chaussures, puis lance : -Un petit malentendu ? Il hausse les épaules. -Pourquoi envenimer les choses, ma chérie. Je t'ai confié mon secret, et on dit qu'une faute avouée est à moitié pardonnée. -Une faute ? Tu me caches une amère réalité, et tu parles d'une faute ! Elle secoue la tête. -Slimane, je suis trop fatiguée ce soir pour te tenir tête. Je ferais mieux de me couler un bain et d'aller me coucher. -Et le dîner ? Elle fait la moue. -Moi, je n'ai pas très faim. Par contre, si tu veux dîner, tu n'auras qu'à réchauffer les restes d'hier. Sans plus attendre, elle se dirige vers la salle de bain et ferme la porte à double tour. Slimane demeure interdit un moment, puis se met à faire les grands pas. Enfin, il consent à se rendre dans la cuisine et à retirer le reste du gigot de la veille pour le réchauffer. Il prend aussi une salade et une canette de soda. Les médecins lui avaient déconseillé de manger trop gras, trop salé ou trop sucré, mais il n'en faisait qu'à sa tête en matière de nourriture et se permettait souvent des repas copieux au restaurant et même à la maison lorsque Yamina avait le dos tourné. Pour ce soir, aussi déçu qu'il était par les réactions distantes de sa femme et ses réponses évasives et froides, il n'aura d'autre alternative pour calmer ses nerfs que de s'attabler devant une assiette pleine à ras bord de pommes de terre en sauce et de viande qu'il engloutira jusqu'à la dernière miette, avant de vider la canette de soda. Il passe ensuite la main sur son estomac puis se met à roter. Le gosier enflammé par la boisson gazeuse, et le ventre trop plein pour lui permettre de se mettre tout de suite au lit l'incitent à sortir sur la véranda. Malgré la fraîcheur de la nuit, il sent des gouttelettes de sueur couler de son visage puis inonder tout son corps. Il aspire une longue goulée d'air et rejette la tête en arrière pour contempler la voie céleste. Quelques étoiles lointaines et l'esquisse d'un croissant lunaire brillaient de tout leur éclat. Slimane frisonne. Il sentit la raideur de son dos et des douleurs articulaires qui le faisaient souffrir depuis déjà plusieurs années. Il ferme les yeux. Il était trop vieux pour Yamina. (À suivre) Y. H.