C'est un Premier ministre déjà assuré du soutien de la majorité parlementaire qui descendra ce matin dans l'hémicycle. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia présentera, aujourd'hui, le plan d'action de son gouvernement devant les députés. Un plan d'action qui se veut être la feuille de route devant parachever le programme présidentiel, tout en atténuant les effets de la crise financière. Le plan s'articule autour de plusieurs axes dont "la consolidation de la démocratie et la préservation des acquis sociaux" mais aussi et surtout "la promotion d'une économie diversifiée libérée de la dépendance aux hydrocarbures". En effet, le volet économique se taille la part du lion dans le plan d'action du gouvernement Ouyahia, l'objectif que l'Exécutif s'assigne étant de tenter de trouver des solutions financières pour pallier le déficit budgétaire de l'Etat et donc la crise économique, conséquence du déclin alarmant des recettes pétrolières représentant plus de 90% du PIB, mais aussi de l'échec des politiques économiques des gouvernements successifs sous le règne de Bouteflika. D'où, notamment, la révision annoncée de la loi sur la monnaie et le crédit. Conscient de la "situation difficile" que traverse le pays, Ouyahia a, depuis son rappel aux affaires, multiplié les déclarations allant dans le sens de rassurer les Algériens, sinon de les préparer à l'austérité. "J'adresse aux Algériens un message d'espoir et de sérénité politique reposant sur des bases réalistes que nous aurons l'occasion d'expliquer ultérieurement", telle est sa dernière déclaration faite au lendemain de sa rencontre avec les partis majoritaires au Parlement, en l'occurrence le RND et le FLN et, accessoirement, le MPA d'Amara Benyounès et TAJ d'Amar Ghoul. Cette rencontre donne un avant-goût de l'ambiance qui régnera aujourd'hui et dorénavant à l'Assemblée. Il y aura, d'un côté, ce quartette acquis au gouvernement et de l'autre, l'opposition parlementaire (MSP, RCD, FFS, PT...). Outre cette marginalisation inopportune de l'opposition, en ce sens que le contexte de crise requiert une plus large consultation, pour ne pas dire un dialogue national, d'ailleurs réclamé par les partis politiques, l'orientation économique du gouvernement Ouyahia, notamment le recours annoncé à la planche à billets (financement non conventionnel) pour tenter de maintenir les équilibres financiers et de maîtriser les dépenses publiques, est, pour sa part, loin d'avoir l'assentiment des partis de l'opposition qui y voient plutôt une solution "partielle et temporelle". Cela, sans parler des mesures impopulaires dont des augmentations tous azimuts que le gouvernement Ouyahia n'hésiterait pas à introduire dans le cadre de la loi de finances pour 2018 qui atterrira à l'APN avant la fin de l'année. Autant dire que la présente session parlementaire s'annonce sous de mauvais auspices notamment pour l'opposition qui appréhende un forcing du gouvernement pour faire adopter par la majorité parlementaire (FLN-RND) l'ensemble des lois, aussi impopulaires soient-elles, qu'il compte bien imposer. Pendant ce temps et avant le passage à l'acte, le gouvernement Ouyahia tente, néanmoins, de rassurer sur son engagement à "préserver les acquis sociaux et à poursuivre la politique nationale de développement social (...)". Une chose est sûre, la session parlementaire 2017-2018 dont les travaux reprendront aujourd'hui, est partie pour être l'une des plus mouvementées. Ainsi, les débats autour de ce plan d'action du gouvernement Ouyahia, qui se poursuivront jusqu'à mardi, date à laquelle les présidents des groupes parlementaires devront intervenir, s'annoncent pour le moins chauds. Farid Abdeladim