Résumé : La mère de Yacine était une vieille dame impotente, qui ne quittait pas son fauteuil roulant. Elle est vite charmée par la douceur de Yamina, et lui assure qu'elle ne quittait plus ses mocassins que pour se mettre au lit. Yamina lui tapote l'épaule. -Je suis heureuse de constater que ces chaussures vous plaisent. -Et moi, je suis heureuse de vous rencontrer. Elle lui prend les deux mains. -Merci Yamina pour votre cadeau et d'avoir accepté de rencontrer une vieille et capricieuse femme comme moi. -Ne dites pas ça. Vous n'êtes ni vieille ni capricieuse. Et puis, je n'ai absolument rien fait. Il faudra plutôt remercier Yacine d'être un bon fils qui pense à offrir des cadeaux à sa maman. On ne rencontre plus des hommes de son envergure de nos jours. -Et des femmes telles que vous non plus, ma fille. -Merci, madame. Elle allait prendre congé de la vieille femme, mais cette dernière s'agrippe à son bras. -Faites-moi le plaisir de venir prendre le café à la maison le week-end prochain.Yacine viendra vous chercher. Yamina secoue la tête. -Cela aurait été avec plaisir, si mon mari n'était pas souffrant et exigeait ma présence auprès de lui. -Votre mari ? Vous êtes mariée, ma fille ? -Oui. Je suis mariée depuis plusieurs années. -C'est curieux, il me semble que Yacine m'avait dit que vous étiez célibataire. -Il ne pouvait le savoir. Yamina lance un regard foudroyant au jeune homme, avant de poursuivre : -Je n'aime pas trop afficher ma vie personnelle... -Je comprends, dit la vieille dame en hochant la tête. La jeune femme lui serre la main. -J'ai été heureuse de vous rencontrer, madame. -Je vous en prie, appelez-moi Safia et évitez ce sobriquet de madame. Cela fait trop sérieux. Elle rit. -Dans la vie, il faut savoir être diplomate sans trop s'encombrer. Elle tapote les mains de Yamina. -Je ne vais pas vous retenir davantage. Allez retrouver votre mari. À n'en pas douter, il a vraiment beaucoup de chance de vous avoir à ses côtés. Yamina rejoint son véhicule, garé non loin de là, l'esprit bien tourmenté. Elle repense à Slimane et se demande s'il avait pris ses médicaments, puis se sentit toute vulnérable en repensant au regard pénétrant de la vieille Safia. Cette femme l'avait intriguée au premier abord. Elle avait dû avoir une vie bien chargée et mener son existence d'une main ferme. Elle avait du caractère. Ça, elle l'avait bien compris. Etait-elle habituée à commander et à se faire obéir ? Sans doute. Son invitation à prendre le café chez elle n'était pas fortuite, elle en était certaine. Cependant, Yacine avait volontairement omis, elle n'en doutait plus, de lui révéler qu'elle était mariée ! (À suivre) Y. H.