Si certains villages de Kabylie ont été épargnés par les feux de forêt catastrophiques de l'été dernier, et que la préparation pour la nouvelle cueillette des olives s'annonce des plus prometteuses, ce n'est malheureusement pas le cas dans les villages du versant-ouest du chef-lieu communal d'Aït Yahia Moussa, l'ex Oued-Ksari, à 25 kilomètres au sud-ouest de Tizi Ouzou. Et pour cause, les incendies criminels du mois de juillet dernier ont ravagé la quasi-totalité des oliveraies de cette commune montagneuse et ô combien déshéritée. "C'est notre principale ressource et il ne nous reste plus rien car les flammes ont tout dévoré. Que Dieu le Tout-Puissant puisse châtier les auteurs de ces crimes abjects !", s'exclame, désespérément, un oléiculteur d'Ath Rahmoune, l'un des villages les plus touchés de la région car situé sur les hauteurs qui surplombent la RN25. Comme notre interlocuteur, toutes les autres personnes approchées à ce sujet expriment leur grande désolation. "Nous avons tout perdu. Certes, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales est venu nous rassurer quant à nos indemnisations mais, en fin de compte, on nous a informés qu'après les enquêtes déjà clôturées depuis longtemps, nous n'aurons droit qu'à de jeunes plants pour remplacer nos oliveraies décimées par les flammes. Ce n'est pas du tout la solution attendue par la population locale. Lorsque ces jeunes oliviers arriveront au stade de la production, je ne serai peut-être plus de ce monde", nous lancera un paysan d'un certain âge. Pour ces oléiculteurs, la récolte de cette année et de plusieurs autres saisons sera quasiment nulle. D'ailleurs, même le prix de l'huile d'olive de l'année dernière a flambé. "Maintenant, nous n'avons plus d'huile, et les prix de vente des quelques litres encore en stock sont tout simplement inabordables. Certains villageois proposent l'huile jusqu'à 900 dinars le litre. Nous sommes ruinés et nous n'aurons plus cette chance de goûter à ce produit aux multiples remèdes que nous consommions habituellement à volonté", regrette un autre intervenant. Il est à rappeler qu'en l'absence de microentreprises aussi petites soient-elles dans la région, la saison de la cueillette des olives est très attendue dans cette contrée, non seulement par les oléiculteurs mais aussi par les propriétaires des huileries. C'est une saison de vaches maigres qui s'annonce dans cette région dévastée par les incendies de l'été passé qui, rappelons-le, ont fait deux victimes et ont ravagé des dizaines d'habitations, des poulaillers, des ruchers ainsi que du bétail dans des étables. "Même l'armée coloniale n'avait pas autant brûlé dans notre commune, fusse-t-elle l'une des régions des plus rebelles d'Algérie. Est-ce qu'un jour les auteurs de ces incendies criminels seront démasqués et sévèrement punis pour leurs actes déplorables ?", s'interroge un vieux montagnard qui ne trouvait pas les mots qu'il fallait pour exprimer sa colère et son indignation. O. Ghilès