RESUME : Nadia est venue lui apprendre qu'elle a un ami. Ils ont décidé de se marier cet été là. Djamila est heureuse pour sa fille. Durant les vacances, elles feront des achats pour les fiançailles. Elles entrent dans la boutique de Madjid. Djamila est heureuse de le revoir. Djamila a l'impression qu'une éternité est passée depuis qu'elle n'a pas vu Madjid. Elle le trouve inchangé. À ses yeux, il est encore plus beau. Mais il est toujours aussi jeune. Elle se réprimande. Elle ne devrait pas avoir ces pensées et lui sourire. Que va-t-il se demander ? - Il y a longtemps, dit-il l'air très grave malgré son sourire. Mais c'est un plaisir de vous recevoir. Vous avez besoin de quoi ? - D'un beau tissu épais pour confectionner des coussins et des couvre-lits. J'ai apporté les mensurations des matelas, répond-elle, en cherchant la feuille dans son sac à main. - C'est pour vous ? - Non, ma fille va se marier cet été, lui confie-t-elle. - Et vous, quand allez-vous songer à refaire votre vie ? l'interroge-t-il. Djamila ne répond pas à la question. Elle hausse les épaules. Elle ne peut pas y répondre ainsi. Il faudrait plus de temps pour lui expliquer. - Je vais voir ma fille. Madjid ne tente pas de la retenir. Djamila s'en va rejoindre Nadia dans le coin de la boutique. Elle a trouvé un tissu vert aux fleurs brodées de fil d'or. Le prix affiché arrache un cri à la jeune fille. - C'est cher, maman ! Je préfère choisir un tissu qui ne nous coûtera pas le blanc des yeux, dit-elle à sa mère, alors que Madjid surgit devant elles. - Très bon choix, intervient-il en souriant. S'il vous plaît, je vous ferai un bon prix. - Vous nous ferez une remise de combien ? veut savoir Nadia. - Cela vous arrange à moitié prix ? La proposition de Madjid laisse Nadia sans voix. Elle croit avoir mal entendu. - Vous avez dit à moitié prix ? - Oui, et si vous le voulez, vous pouvez payer par tranches, propose-t-il. - Oh merci ! Nadia n'en revient pas. Mais elle ne laisse pas l'occasion passer. Elle achète vingt mètres du beau tissu. Cependant, sa joie ne l'aveugle pas. Elle a remarqué le regard que sa mère et le vendeur ont échangé. Même s'il a été bref, elle a vu son scintillement. Le temps de quelques secondes, elle croit l'avoir imaginé. - J'ai une commande qui doit arriver incessamment, dit-il à Djamila. Vous pourriez passer pour voir. Peut-être que quelque chose vous plaira ? Ou à votre fille ? - Pourquoi pas ? C'est très gentil, répond-elle en le suivant pour passer à la caisse. Je vous dois combien ? - C'est un cadeau de la maison, répond Madjid. - Non, je refuse. Soit je règle comme tout le monde, soit je vous laisse le paquet, réplique-t-elle. - Vous feriez de la peine à votre fille en laissant ce tissu. Bon, soupire-t-il, en voyant qu'elle est sérieuse. Cela fera trois mille dinars. Mais vous pouvez payer par tranches. Faites-moi plaisir, lui murmure-t-il, revenez un jour. Djamila se contente de sourire, tout en lui comptant plusieurs billets. On est alors en 1980. La somme de trois mille dinars représentait un salaire. Nadia culpabilise un peu, même si elle est contente de l'achat. Toutefois, elle ne comprend pas pourquoi le vendeur a été aussi gentil avec elles, pourquoi regardait-il tendrement sa mère. Sur le chemin du retour, elle lui pose un tas de questions. De quoi mettre sa mère sur les nerfs… (À suivre) A. K. [email protected]