Selon des sources proches du dossier, les délégués des ex-militaires seront incessamment conviés au MDN pour un premier round de négociations. Après un cinglant rappel à l'ordre, clairement signifié dans son communiqué rendu public récemment, le ministère de la Défense nationale (MDN) semble revenir à de meilleurs sentiments pour accepter, enfin, de dialoguer avec les retraités de l'Armée, montés au créneau depuis plusieurs mois pour réclamer des droits socioprofessionnels. En effet, une première rencontre, informelle, entre de hauts gradés de l'Armée et des délégués de la Coordination nationale des retraités, des blessés, des radiés de l'ANP et leurs ayants droit, a eu lieu mercredi passé, au siège de la Caisse des retraités de l'Armée, à Alger. Les délégués, au nombre de huit, dont le coordinateur national, Merouane Bessafa, ont été reçus par trois généraux-majors en charge respectivement des départements de la Communication, de la Santé et du Social et un général chargé des retraites. C'est ce que nous a révélé, Ahmed Merhouni, coordinateur de la wilaya d'Aïn Defla, ayant pris part à cette rencontre rendue possible, indique-t-il, grâce à la médiation d'un colonel à la retraite. À l'occasion, dit-il, il a été notamment question d'exiger la libération de leurs collègues "arbitrairement" détenus et la levée des poursuites judiciaires engagées contre d'autres. Il s'agit, en l'occurrence, des deux premiers "meneurs" du mouvement des retraités de l'ANP, Amar Hassani, dit "Amar El-Biri" et Abdelaziz Saïdi, tous deux détenus dans une prison militaire, et de leurs trois autres collègues détenus, eux, dans des prisons civiles. Les poursuivis en justice pour le même motif, c'est-à-dire pour avoir tenté d'organiser une marche à Alger pour réclamer des droits socioprofessionnels, sont au nombre de neuf. "Nous avons clairement dit aux responsables qui nous ont reçus que la libération de tous nos collègues détenus et la levée des poursuites judiciaires imposées aux autres, est notre première réclamation avant d'entamer tout processus de dialogue concernant nos revendications socioprofessionnelles", a précisé M. Merhouni. Si leurs interlocuteurs du jour, indique-t-il, les ont renvoyés concernant cette requête au pouvoir judiciaire, ils leur ont promis, neanmoins, de transmettre leur message et leur plateforme de revendications à leur hiérarchie. Les revendications de cette frange de l'Armée concernent, entre autres, l'augmentation de l'indemnité des retraites, l'indemnisation des blessés, notamment les victimes de la décennie noire, et de leurs ayants droit, ou encore la réhabilitation des éléments "arbitrairement" radiés des rangs de l'Armée. Au communiqué du MDN les accusant d'être "manipulés" par des parties occultes, les représentants des retraités de l'ANP n'ont pas laissé passer cette occasion pour rappeler qu'ils "ne sont manipulés par aucune partie" et que leur montée au créneau n'a d'autre visée que celle de réclamer des droits "légitimes". "On a expliqué que nous ne sommes manipulés par personne", a dit M. Merhouni. Dans son communiqué, faut-il le rappeler, le MDN a été sans concession avec ces protestataires et leur action de rue qu'il avait qualifiée "d'illégale". Néanmoins, après ce premier pas, la relation entre les retraités protestataires de l'ANP et la tutelle semble s'améliorer. Selon d'autres sources proches du dossier, les mêmes délégués seront incessamment conviés au MDN pour un premier round de négociations. En attendant, les protestataires se disent "déterminés à aller au bout de leur requête". Farid Abdeladim