Les écoles primaires dans la majorité écrasante des zones rurales ne fonctionnent que si les malheureux enseignants se procurent un moyen de transport pour arriver à l'heure à leur établissement. Le problème a été souvent soulevé par les parents. Mais en l'absence d'une planification mûrement réfléchie, peu d'établissements ont un logement de fonction dans le rural alors que dans les centres urbains où les conditions sont propices, des logements poussent comme des champignons de dernière pluie. Les bénéficiaires se permettent, une fois obtenu le désistement, de les louer à des particuliers tout en occupant un logement d'affectation. Ces enseignants déboursent quotidiennement près de 200 DA pour atteindre les zones rurales où ils sont affectés. Le soir, ils reviennent harassés n'ayant même pas le temps de préparer le cours du lendemain. Mais là où le bât blesse, c'est que cette catégorie d'enseignants ne bénéficie pas de la prime de zone allouée pourtant dans des wilayas qui ne sont pas dans les mêmes conditions de travail. À titre d'exemple, laquelle des wilayas est la plus enclavée, El-Tarf, Guelma, Batna ou Souk Ahras ? Tout le monde répondra El-Tarf. Cette contrée de l'arrière pays est la plus défavorisée en prime zonale. Le manque de considération envers l'enseignant a fait naître chez les uns et les autres du dégoût et un manque de motivation. Ce sont ces facteurs qui sont à l'origine de la situation que vivent les jeunes des écoles rurales. Une drôle de scolarité accentuée par l'enclavement des écoles des municipalités de Zitouna, Bougous, Oum T'boul, Bouhadjar et El-Ayoun, pour ne citer que ces zones-là. Certains enseignants, conscients de leur noble mission, rejoignent leur école à dos d'âne, bravant le froid glacial de l'hiver ou le soleil torride de l'été. Le mérite de certains présidents d'APC, à l'image de celui de Bougous qui a mobilisé quotidiennement à partir de cinq heures, deux autocars et six camions aménagés pour assurer le ramassage scolaire. Il ne ménage aucun effort pour que ces enseignants regagnent leur école à l'heure. Les habitants de ces villages nous ont supplié pour que ces enseignants soient inscrits sur la liste des démunis, l'existence d'un logement de fonction en ces lieux perdus enclavés ne résoudra pas le problème. Il faut des tracés de routes avec une multiplication de lignes carrossables pour tous les engins. Ne dit-on pas que les voies de communication, routes, chemins de fer et rails, sont les signes précurseurs du développement prospère d'un pays ? En attendant, ces damnés de la terre créent une association pour défendre leurs intérêts et celle des jeunes livrés à eux-mêmes qui, au rythme actuel, risquent de ne plus trouver d'enseignants faute de moyens de transport, d'enclavement et surtout de manque de responsabilité. T. B.