Alors que les six personnes, considérées comme victimes collatérales de la désormais affaire des 701 kilogrammes de cocaïne saisis au port d'Oran, ont été relâchées lundi par le juge d'instruction, le journaliste et militant des droits de l'Homme, Saïd Boudour, et le lanceur d'alerte, Noureddine Tounsi, ont regagné, la nuit même, Oran. "Ils sont rentrés hier (lundi, ndlr), dans la nuit", dira, à Liberté, Salim Mecheri, vice-président du bureau d'Oran de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Dabouz. Revenant sur la genèse de l'affaire, il dira qu'une cellule de crise avait été installée au lendemain de l'arrestation des deux hommes et, qu'au départ, il subsistait une divergence dans l'information à propos des accusations dont ils faisaient l'objet. Boudour et Tounsi, Adnane Mellah et Khellaf Benhadda, respectivement l'ancien et l'actuel responsable du site électronique Algérie-Direct, Abdelaziz Laâjal et Abderrahmane Mohamed, travaillant comme techniciens au dit site d'informations, ont été présentés, lundi, à partir de 13h, devant le procureur de la République près du tribunal de Sidi M'hamed. "Même à ce moment-là, on ignorait encore de quoi il retournait", précise Salim Mecheri. Après 2h30, ils sont auditionnés par le doyen des juges d'instruction, à la cinquième chambre, qui décide de remettre Boudour, Tounsi et les deux techniciens en liberté, en gardant le statut de témoin, et de placer sous contrôle judiciaire Mellah et Benhadda. Si les conditions d'interpellation de Boudour et Tounsi ont été largement commentées et qualifiées d'"illégales" ou encore d'"enlèvement", leur garde à vue à la PJ de Bab Ezzouar s'est bien passée, affirme le vice-président de la Laddh. Contacté par téléphone, Saïd Boudour révèle qu'elle s'est passée dans des conditions "normales" et qu'ils ont pu recevoir la visite de leurs avocats, communiquer avec leurs familles, ou encore prendre une douche. Quant à l'affaire, proprement dite, celui qui est désormais cité comme témoin par la justice se refusera à faire un quelconque commentaire concernant le fond du dossier "pour protéger mes deux confrères qui sont placés sous contrôle judiciaire" et surtout "pour éviter toute mauvaise interprétation de mes déclarations", explique-t-il. Devant notre insistance, il fera, néanmoins, cette confidence en affirmant que "90% de ce qui a été rapporté par les médias est faux". Rappelons que la presse avait imputé ces arrestations à une information parue sur le journal électronique Algérie-Direct à propos de la disparition de 44 kg des 7,01 q de cocaïne saisis dans les containers de viande congelée importée du Brésil. L'article était illustré des photos du chef de l'Etat et du chef d'état-major de l'ANP, ce qui explique les deux chefs d'accusation : "outrage à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions" et "offense au président de la République". On apprendra également que le bureau d'Oran de la Laddh tiendra une conférence de presse, aujourd'hui ou demain au plus tard, pour plus d'éclairage sur cette affaire. Saïd Boudour précisant que "seul le président de la section locale de la Laddh, Kaddour Chouicha, est habilité à communiquer sur ce dossier". Saïd OUSSAD