Il ne fait plus aucun doute maintenant que le sort de l'Union du Maghreb arabe est lié de manière indéfectible au règlement définitif du conflit du Sahara occidental. Le refus du souverain alaouite de prendre part au sommet de Tripoli, sous prétexte que l'Algérie a réaffirmé ses positions de principe sur la question, en est la meilleure preuve. Rabat n'est disposé à parler de l'UMA que si Alger tait le sujet. Paralysée depuis 1994, date du dernier sommet, cette structure a toujours été utilisée par le Maroc comme un moyen de pression sur l'Algérie, dans la perspective de l'amener à modifier sa position sur le dossier sahraoui de décolonisation. À chaque fois qu'un sommet de l'Union du Maghreb arabe se profile à l'horizon, le problème est propulsé au-devant de la scène internationale par les Marocains. Gênés cette fois-ci par l'évolution favorable de la situation, en raison du réchauffement des relations algéro-marocaines depuis le sommet de la Ligue arabe de mars dernier à Alger, ils ont accepté d'aller à Tripoli, sans toutefois perdre espoir de manœuvrer au moment opportun. L'excuse était toute trouvée avec la lettre de Bouteflika à Mohamed Abdelaziz, le président de la République arabe sahraouie démocratique. Arrivés dans la capitale libyenne avec des préjugés, à la suite de l'engagement ferme du président Bouteflika à soutenir les Sahraouis dans leur combat pour l'autodétermination, les officiels marocains n'ont pas tardé à annoncer la couleur. En effet, malgré les assurances du ministre d'Etat algérien et représentant personnel du chef de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem, de tenir le sommet sans que le dossier du Sahara occidental ne fasse partie de l'ordre du jour, les diplomates marocains ont d'emblée diminué de l'importance de la rencontre en annonçant l'absence du roi liée directement à la position algérienne. Ils se sont mis à distiller des informations à la presse, faisant état de tentatives de la délégation algérienne d'imposer la question sahraouie au menu. Aucune autre source n'a confirmé cette manœuvre. Plusieurs participants ont confirmé les propos de Belkhadem en déclarant que la question du Sahara occidental “ne figure pas à l'ordre du jour des travaux du sommet”. Le chef de la diplomatie mauritanienne, Mohamed Vall Ould Bellal, le premier, hier matin, à parler de l'annulation du sommet, s'est limité à dire : “Le sommet a été reporté en attendant que les idées mûrissent et qu'une réunion sans problème puisse se tenir.” C'est le ministre libyen des Affaires étrangères qui s'est chargé d'annoncer officiellement le report de la rencontre : “À la suite des consultations et des contacts entre les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres de l'UMA, il a été décidé de reporter le sommet sine die.” K. ABDELKAMEL