Alors qu'il entame son 37e jour de grève de la faim à la prison d'Oued Ghir, à l'ouest de Béjaïa, le blogueur Merzoug Touati, condamné en juin dernier à 7 ans de prison ferme pour "intelligence avec une puissance étrangère", commence à susciter l'inquiétude auprès de sa famille, de ses amis et du comité de solidarité constitué pour réclamer sa libération. D'autant que le souvenir du sort de Mohamed Tamalt, journaliste mort en prison, est encore vivace dans les mémoires, rappelle Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme et un des animateurs actifs du comité de solidarité. "On veut qu'il cesse cette grève. Il ne s'alimente qu'avec de l'eau et du sucre. Nous, nous l'exhortons à cesser cette grève, mais pour lui c'est son ultime recours pour se faire entendre. Il n'est pas à l'abri d'un drame", s'inquiète Saïd Salhi, joint hier par téléphone. Confrontées à une "situation de blocage" due au "non-épuisement des voies de recours" — les avocats de Touati ayant introduit un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême — les dynamiques de solidarité tentent d'élargir la mobilisation dans l'espoir de faire entendre la cause du blogueur auprès du gouvernement, confiné dans un silence assourdissant, malgré les appels répétés des ONG et autres organismes internationaux. C'est ainsi qu'un rassemblement est prévu le 20 août prochain à Ifri Ouzellaguene, sur le lieu du déroulement du congrès de la Soummam. Cette action — parmi tant d'autres qui seront divulguées prochainement — a été décidée au terme d'une réunion tenue jeudi à Béjaïa par nombre d'acteurs de la société civile. Et le choix du lieu est loin d'être fortuit. "C'est l'occasion de rappeler le message de la Soummam en faveur de la liberté et de la démocratie et sensibiliser le gouvernement sur son cas", souligne le responsable de la Laddh. "Chaque jour qu'il passe en prison, c'est son état de santé qui se dégrade et c'est sa vie qui est en danger, alors que le gouvernement se mure encore dans son silence malgré tous les appels à la libération de Touati. Le pourvoi en cassation à la Cour suprême, introduit par les avocats de la défense, doit être examiné rapidement et sans délai pour permettre au détenu, en prison depuis 18 mois déjà, d'accéder à son droit de recours et à sa libération", rappelle-t-il. "Nous devons tous et toutes nous mobiliser et nous impliquer encore plus pour ne pas le laisser seul. Touati Merzoug doit arrêter sa grève de la faim et doit préserver sa santé et sa vie. Nous devons l'exhorter à cesser cette grève, ou du moins à la geler." Une sensibilisation entendue, y compris par des artistes et des figures de renom. Après la visite de la veuve du défunt Matoub Lounès, Nadia, en compagnie de Bouaziz Aït Chebib, jeudi au domicile de Merzoug Touati, le célèbre chanteur Ali Ideflawen a appelé à la libération du blogueur lors d'un gala organisé à Aokas, sur la côte est de Béjaïa. Karim K.