Ibrahim Boubacar Keïta aura la lourde tâche d'appliquer l'Accord de paix d'Alger conclu en 2015 avec l'ex-rébellion, dont la mise en œuvre accumule les retards, d'où la propagation des violences dans le nord du pays. Le président sortant du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été élu pour un second mandat. Le chef de l'Etat malien a recueilli 67,17% des voix lors du second contre 32,83% à l'opposant Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, selon des résultats officiels, qui doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle. Il y a lieu de signaler que la participation a été faible, soit 34,54%, contre 43,06% au premier tour. Par ailleurs, le second tour s'est déroulé dans un climat plus apaisé que le premier grâce à un renforcement de la présence militaire. La victoire annoncée officiellement jeudi a été contestée par l'opposition, qui envisage de protester "par tous les moyens démocratiques". Pour le chef de campagne du candidat de l'opposition Soumaïla Cissé, "les chiffres ne reflètent pas la vérité des urnes et résultaient d'un trucage monstrueux". Il est allé jusqu'à évoquer "un jour noir pour le Mali". "Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques pour faire respecter le vote des Maliens", a dit M. Dramé, prévoyant notamment de "déposer des recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler des résultats frauduleux dans certaines régions". Ibrahim Boubacar Keïta aura pour principale mission de rétablir la paix au Mali. Celle-ci passe par la relance de l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dont la mise en œuvre accumule les contretemps et qui n'a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins. Dans un entretien au journal malien L'Observatoire, le président Keïta avait indiqué lors de sa dernière campagne électorale, que la mise en œuvre de cet accord constituera un des projets les plus importants de son prochain mandat "s'il serait réélu à la tête du pays". "Ce qui est le plus important pour moi, c'est l'Accord pour la paix et la réconciliation nationale et sa mise en œuvre, le développement", a-t-il souligné, tout en promettant de soutenir et accompagner la jeunesse de son pays. Félicité jeudi par le président français, qui suit de très près la situation au Mali, Ibrahim Boubacar Keïta est appelé à poursuivre la guerre contre le terrorisme et ramener toutes les parties à la table de négociations. Emmanuel Macron a notamment réitéré "l'engagement de la France à se tenir aux côtés des autorités et du peuple malien pour surmonter le défi de la lutte contre le terrorisme et favoriser l'investissement et le développement économique". Ceci étant, "IBK", comme le surnomment les Maliens, devra dès le début de son second mandat, prévu le 4 septembre, redoubler d'efforts pour continuer à diriger pour les cinq années à venir ce pays vaste du Sahel où sévissent toujours des groupes terroristes malgré cinq années d'opérations militaires internationales. Merzak Tigrine