La dépouille mortelle de Salah Boubnider, plus connu sous le pseudonyme de guerre “Sawt El-Arab”, décédé avant-hier dans un hôpital parisien des suites d'une longue maladie, a été rapatriée hier à Alger. Un événement qui ne manqua pas de réunir, l'espace d'un moment, dans une communion quelques figures du mouvement national et du système politique que beaucoup de choses parfois divisent. Ainsi verra-t-on autour du rituel de la “Fatiha” des membres du gouvernement actuel, des compagnons d'armes du défunt, les deux ex-hommes forts du pays, Chadli Bendjedid et Ali Kafi, ainsi que le ministre des Moudjahidine. Dans sa demeure à Club-des-Pins, dans la banlieue ouest d'Alger, beaucoup de ses proches, des syndicalistes, des sénateurs à l'image de Tahar Z'biri — l'auteur du coup d'Etat avorté contre Boumediene en 1967 — ainsi que des anonymes attendaient, la mine défaite, l'arrivée de la dépouille de celui qui fut pour beaucoup l'archétype de l'humble homme, dont l'engagement révolutionnaire épousait les idéaux de liberté. Même s'il était par quelques aspects presque proscrit à une certaine période avant d'être réhabilité à la fin de la décennie 90 en présidant, notamment en 1997 la Cnisel et en occupant le poste de sénateur, Sawt El-Arab, l'ancien colonel de la wilaya II (Nord constantinois) n'a jamais troqué son engagement pour le confort que procure le pouvoir. Jusqu'au crépuscule de sa vie, il a toujours choisi d'être au côté du peuple. C'est la raison d'ailleurs pour laquelle il avait émis le vœu d'être enterré dans un cimetière populaire, celui de Sidi-Yahia. Peut-être pensait-il qu'à El-Alia, comme dirait l'adage, reposeraient aussi bien ceux qui ont fait la Révolution que ceux qui ont en profité… KARIM KEBIR