La ministre de l'Education nationale a préconisé l'acquisition de chalets pour faire face au phénomène de la surcharge des classes provoquée, dit-elle, par une démographie galopante. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a indiqué, hier, que la surcharge des classes continuera à être observée à l'occasion de la prochaine rentrée scolaire le 5 septembre prochain. Lors d'un point de presse tenu en marge de la conférence nationale des directeurs de l'éducation, Mme Benghabrit a, dans un langage franc, lancé un pavé dans la mare. "Il faut être franc avec nous-mêmes. La surcharge qui existait dans le passé, continuera d'exister aujourd'hui et demain, et ce, en dépit du dégel d'un grand nombre de projets d'infrastructures scolaires déjà inscrits". Et d'expliquer : "Le taux de natalité galope, mais le rythme de construction des établissements scolaires ne suit pas ce même taux de natalité. Donc, il faut être réaliste. J'ai visité certains établissements et des mesures exceptionnelles ont été prises afin de les doter en chalets, ce qui n'est pas la solution idéale. Mais je le répète encore une fois, les chalets coûtent très cher." La hausse du nombre d'élèves, cette année, qui a atteint 9,2 millions, et les opérations de relogement qu'ont connues certaines communes sont autant de facteurs aggravant la situation de surcharge des classes d'où "le recours à l'acquisition des chalets, mais aussi à la double vacation dans certains établissements", a expliqué la ministre de l'Education. Et ce, avant de marteler : "Nous sommes dans une situation financière extrêmement difficile." Mais, elle a estimé qu'"il y a des possibilités de trouver des niches d'économie", dont la mission de les dénicher échoit aux directeurs de l'éducation et aux chefs d'établissement. D'où, a-t-elle révélé, l'opération de classification des établissements scolaires qui est en cours d'élaboration afin de permettre à ces derniers de mener la politique appropriée. Cellules de suivi de la rentrée scolaire En outre, Nouria Benghabrit a, dans son intervention devant les 52 directeurs de l'éducation, annoncé la mise en place de cellules de suivi de la rentrée scolaire. L'une d'elles sera installée au niveau de l'administration centrale du ministère et sera chargée d'"intervenir instantanément pour remédier aux insuffisances constatées". Deux autres cellules seront mises en place au niveau de chacune des deux inspections générales du ministère, "afin d'exploiter les informations parvenues des inspecteurs chargés, à leur tour, de faire le suivi quotidien et l'évaluation journalière de la rentrée scolaire au niveau de leurs circonscriptions respectives". La ministre a, par ailleurs, instruit les directeurs de l'éducation pour mettre en place et dynamiser les cellules d'accueil des élèves et leurs parents au niveau des Directions de l'éducation et des établissements scolaires. Afin de contribuer à la réussite de la rentrée scolaire, elle a insisté sur l'impératif de renforcer les opérations liées à la gouvernance. Concernant l'établissement, il s'agit de réduire les dépenses de consommation d'électricité et d'eau et de lutter contre le gaspillage, entre autres. Et sur le plan pédagogique, il est question de prendre en charge les difficultés scolaires pour diminuer les déperditions et les redoublements qui coûtent cher à l'Etat. Sur sa lancée, elle a exhorté les directeurs de l'éducation à prendre en charge les préoccupations des parents d'élèves et des citoyens et à simplifier les procédures administratives, entre autres, les invitant à aller sur le terrain et à réagir immédiatement aux fake news. Tout en affirmant avoir pris toutes les mesures adéquates pour la prévention de l'épidémie de choléra en milieu scolaire, la membre du gouvernement a fait état, dans ce contexte, de la mise en place de cellules d'urgence santé au niveau des Directions de l'éducation des cinq wilayas concernées (Alger, Blida, Bouira, Tipasa et Aïn Defla) pour le suivi de la situation. Elle a annoncé, en outre, le maintien de la date de la rentrée scolaire qui aura lieu dans les délais fixés, soit le 5 septembre à travers tout le territoire national. Nouria Benghabrit a, en revanche, indiqué avoir tenu une réunion avec les directeurs de l'éducation des cinq wilayas concernées pour dégager un protocole d'actions à mettre en place en adéquation avec les normes lors des situations de crise ou d'urgence. "Nous avons des ennemis" La réforme des examens nationaux, notamment le baccalauréat ne connaîtra "aucune nouveauté" en 2019, selon la ministre, qui a ajouté qu'"après le consensus auquel nous sommes arrivés avec les partenaires sociaux, notre objectif pour cette année est d'engager la discussion au sein de la société, pour clarifier le contenu du projet". Et si cette année est dédiée à la discussion et à un échange de vues sur la structuration des examens nationaux, "cela voudra dire que nous maintiendrons le même modèle, qui, pour être appliqué en 2020, il faut que la société, les élèves, les enseignants et les parents soient mis au courant de nos propositions". Pour de plus amples informations au sujet de ce consensus recherché, la ministre a précisé qu'il s'agit de l'introduction de l'évaluation continue en prenant en considération toutes les matières durant la deuxième et la troisième année secondaire. Le projet distingue entre les matières qui seront examinées et les autres qui seront prises en charge dans le cadre de ce contrôle continu durant la troisième année, a-t-elle indiqué, avant d'apporter un démenti aux rumeurs selon lesquelles la langue arabe, l'histoire, et les sciences islamiques seront supprimées du baccalauréat en tant que sujets d'examen. "Le secteur de l'éducation ne fonctionne pas aux intentions, mais de mesures contenues dans le projet. Et il est impensable de supprimer la langue arabe", a-t-elle affirmé, en arguant que la langue arabe est une matière transversale pour l'ensemble des filières. "De même pour les sciences islamiques et l'histoire, il n'y a que des gens de mauvaise foi, et particulièrement cette coordination, (qui le pensent, ndlr)", a répliqué la ministre qui assure qu'il y a "un consensus pour que ces deux matières entrent dans le cadre de l'examen écrit". Et de conclure par une déclaration pour le moins surprenante : "Nous savons que nous avons beaucoup d'ennemis, qui ne veulent pas de bien à ce secteur." Enfin, elle a apporté un démenti à la rumeur selon laquelle il est fait obligation aux enseignants de signer l'engagement de ne pas donner des cours particuliers en dehors de leur établissement. A. R. [email protected]