Datant de l'époque coloniale, le marché Ahcène-Harcha était la fierté des Guelmis qui le prisaient dès les premières années de l'indépendance pour la disponibilité des fruits, légumes, viandes et volailles que proposaient des marchands sachant fidéliser leur clientèle. Ce centre commercial implanté au centre-ville ne désemplissait pas à longueur de journée, puisque des clients issus de divers quartiers de la ville ne cessaient de se déplacer pour effectuer leurs emplettes quotidiennes. Ammi Ahmed, un octogénaire, rencontré aux abords de ce marché fermé depuis une vingtaine d'années, nous confie : "Nous évoluions dans un environnement agréable, car les bouchers, les marchands de fruits et légumes, de beurre frais, de volailles de ferme, de coriandre, persil, céleri, endives et les poissonniers étaient accueillants et nous servaient comme nous le désirions. À cette époque, ce marché offrait l'opportunité aux citoyens de se rencontrer, d'échanger des nouvelles et de remplir leurs couffins en alfa dans un climat convivial, et le respect mutuel et la confiance étaient de rigueur. Hélas ! Il est fermé car le gain facile prime chez ceux qui ont pris la succession de leurs aînés." Au début des années 2000, ce patrimoine communal, qui abrite une quarantaine d'étals, stalles et boutiques, avait fait l'objet d'une importante opération de rénovation pilotée par l'APC qui voulait offrir un meilleur cadre de vie aux habitués de ce marché couvert. Cependant, au fil des ans, les commerçants désertèrent ces lieux pour s'adonner à l'informel ou à activer au grand marché du Volontariat qui draine chaque jour des milliers de clients attirés par la disponibilité des produits et les prix concurrentiels. Approchés, ces derniers soutiennent qu'ils ne voulaient plus se soumettre à des charges exorbitantes, en l'occurrence le loyer réglé à la municipalité, les impôts, les frais d'électricité et d'eau courante. Ils expliquent qu'ils étaient concurrencés par des marchands à la sauvette et les propriétaires des camionnettes qui sillonnaient la ville pour écouler leurs produits aux riverains. Cette démarche déloyale a fait des émules et a convaincu les commerçants du marché couvert Harcha à quitter les lieux pour des raisons évidentes. À présent, ce marché si cher à la population guelmie est désespérément fermé, au grand dam des nostalgiques qui se remémorent les années fastes où le client était roi et surtout respecté. H. B.