Sans une accélération de la croissance sur les prochains mois, le chômage risque de grimper davantage et aggraverait le coût social de la crise. Mais pour qu'elle reparte à la hausse, le secteur des hydrocarbures doit sortir de sa léthargie, alors que l'activité d'autres secteurs, qui ont fortement contribué à la croissance ces dernières années, à l'image du BTPH, est tributaire de l'investissement public. La croissance du PIB de l'Algérie a été de 1,3% au 1er trimestre 2018 par rapport à la même période de 2017, avant qu'elle ne décélère au second trimestre de la même année, se situant à 0,7%. La dernière note de conjoncture, diffusée, dimanche, par l'Office national des statistiques, montre que la croissance globale du PIB de l'Algérie a été de 0,8% au 3e trimestre 2018. Sur l'année, la croissance du PIB serait d'à peine 1%, alors que les projections officielles tablaient sur une croissance d'au moins 2,5% en 2018. Au terme de ses arbitrages budgétaires pour l'exercice 2018, le gouvernement a opté pour le soutien à la croissance en cassant sa tirelire. Le budget de 2018 est venu rompre avec deux années d'austérité qui ont touché essentiellement les budgets d'équipement et d'investissement, à raison d'une coupe de 16% en 2016 et de 28% en 2017. En 2018, les dotations budgétaires injectées dans l'investissement ont bondi de près de 100%, représentant plus d'un tiers du PIB, sans que le retour sur investissement tant espéré se concrétise au final. Les projections pour 2019 s'annoncent sombres. Les restrictions budgétaires figurant dans la LF 2019, touchant le budget d'équipement et d'investissement, devraient peser sur la croissance du PIB hors hydrocarbures durant l'actuel exercice. La Banque mondiale s'attend à ce que "la croissance de l'Algérie décélère à 2,3% du fait de la diminution progressive des dépenses publiques". L'Exécutif, qui a opté pour le financement non conventionnel en octobre 2017, sait pertinemment que cette option n'est qu'un palliatif et ne pourrait agir sur les causes de la crise financière née dans la dépression du marché pétrolier en 2014. L'économie algérienne a connu un rythme de croissance le plus lent en 2018. Le repli pourrait s'aggraver en 2019 sous le coup des restrictions budgétaires. L'érosion du pouvoir d'achat des ménages n'est pas en mesure de faire repartir la consommation qui est un des réacteurs propulsant la croissance économique. Les arbitrages auxquels est confronté le gouvernement pour les prochaines années sont pour le moins complexes. Les restrictions budgétaires, par moments nécessaires et vitales, pourraient générer une poussée du chômage. L'autre arbitrage qui s'inviterait à la table du gouvernement dès cette année est de nature à la fois technique et politique ; il s'agit de slalomer intelligemment entre les ampleurs du chômage et de l'inflation. Ne pas baisser les subventions implique plus de chômage ; baisser les subventions implique de l'inflation. Une chose est sûre, il est temps que le gouvernement revienne au chantier laissé en jachère et qui portait sur l'impératif des réformes pour faire face à la détérioration des finances publiques et des comptes extérieurs. C'est le seul chantier auquel le gouvernement ne pourra échapper. Autrement, les positions financières internes et externes iront en se fragilisant davantage, alors que le palliatif de la planche à billets ne fait que colmater une plaie infectée de l'intérieur. Il est prévu que l'Exécutif reprenne ses opérations d'assainissement des finances publiques dès cette année. Probablement dès l'été 2019. Là aussi, même si la refonte s'impose d'elle-même, les risques existent et ne sont guère des moindres. Ali Titouche