La situation se complique au Venezuela, pays qui compte désormais deux présidents, chacun avec ses appuis à l'intérieur et à l'étranger. Madrid, Londres, Paris, Berlin et plusieurs autres capitales européennes ont reconnu hier l'opposant Juan Guaido comme président du Venezuela "par intérim" suite à l'expiration d'un ultimatum lancé au président élu Nicolas Maduro, qui a refusé de convoquer une nouvelle élection présidentielle. "Ils tentent de nous coincer avec des ultimatums pour nous obliger à en venir à une situation extrême de confrontation", avait déclaré le chef de l'Etat vénézuélien, dimanche soir à Caracas. C'est l'Espagne, qui a ouvert les hostilités avec Caracas avec la déclaration du chef du gouvernement Pedro Sanchez dans laquelle, il affirme : "Le gouvernement espagnol annonce reconnaître officiellement le président de l'Assemblée du Venezuela, M. Guaido, comme président en charge du Venezuela", en l'appelant à convoquer des élections présidentielles dans les plus brefs délais possibles. Cette reconnaissance de Madrid a été suivie par celles de Londres, Vienne, Stockholm, Copenhague, Paris et Berlin. Pour l'Allemagne, c'est la chancelière Angela Merkel, qui a annoncé que son pays reconnaissait l'opposant Juan Guaido comme président "par intérim" du Venezuela, en lui demandant de préparer "rapidement" de nouvelles élections. Rappelons que le Parlement européen avait, quant à lui, reconnu l'autorité de M. Guaido, jeudi, et appelé l'ensemble des pays de l'UE à faire de même. Il n'en demeure pas moins que des voix s'élèvent au sein de l'UE pour s'opposer à cette reconnaissance. Ainsi, l'Italie a bloqué la déclaration de l'UE dans laquelle Bruxelles envisageait de reconnaître Juan Guaido comme "président par intérim" du Venezuela, a rapporté hier l'agence russe Sputnik, citant une source diplomatique dans la capitale belge. Il y a lieu de rappeler que les Etats-Unis, le Canada et de nombreux pays d'Amérique latine, dont la Colombie et le Brésil, ont déjà reconnu M. Guaido, qui s'était autoproclamé président par intérim le 23 janvier. Réagissant immédiatement à ces annonces, la Russie, qui constitue l'un des principaux alliés de Nicolas Maduro, a aussitôt dénoncé cette reconnaissance de Juan Guaido par ces pays européens. "Nous percevons les tentatives de légitimer l'usurpation du pouvoir comme une ingérence directe et indirecte dans les affaires internes du Venezuela", a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, Nicolas Maduro, 56 ans, accuse les Etats-Unis d'orchestrer un coup d'Etat. "Cela ne favorise, en aucun cas, le règlement pacifique, efficace et viable de la crise que traverse le Venezuela", a poursuivi Dmitri Peskov, soulignant que "toute solution ne devait être trouvée que par les Vénézuéliens eux-mêmes". À noter qu'un groupe de contact international constitué par l'Union européenne pour favoriser l'organisation d'une élection présidentielle libre, transparente et crédible doit se réunir jeudi à Montevideo, ont annoncé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le président uruguayen, Tabaré Vazquez. Merzak Tigrine