Dans le cadre de la tournée promotionnelle de son nouvel ouvrage Comme un, comme une, paru récemment, l'auteure franco-algérienne, Sadia Tabti, a été invitée au siège de l'Association de culture berbère (ACB) de Ménilmontant (Paris, France) pour parler de cette nouvelle publication qui s'est voulue "une manière de faire un travail de mémoire sur les insurgés algériens de 1871 qui se sont révoltés contre la colonisation française et les communards français qui se sont révoltés eux aussi lors de la même année contre les abus de pouvoir et l'esclavagisme qui sévissaient et dont ils étaient victimes". "Et qui se sont retrouvés par la suite déportés en Nouvelle-Calédonie et oubliés de l'Histoire jusqu'à très récemment où on a commencé à en parler et à dévoiler quelque peu le sort cruel qui leur a été imposé à eux, puis à leurs enfants et petits-enfants qui apprennent à connaître leur passé…" Plutôt connue comme formatrice en artisanat, illustratrice et auteure de littérature jeunesse – "Tassadit la petite bijoutière" et "Tassadit la petite potière", l'auteure a voulu cette fois-ci s'attaquer à un sujet un peu plus profond même si la manière d'en parler reste accessible au jeune lectorat par le choix de deux enfants qui échangent du courrier — Tassadit et Henri — dans un style simple et épurée, à la portée de tous, accompagné d'illustrations et de poésie en relation avec le contenu qui se veut un retour sur cette période oubliée de l'Histoire commune de l'Algérie et de la France – une autre histoire parmi tant d'autres. Lors de cet échange avec son public, animé par Marie-Joëlle Rupp, Sadia Tabti reviendra sur la genèse de cet ouvrage, sur les rencontres — souvent fortuites mais embrigadées par un heureux hasard qui ont mené à ce travail de mémoire, sur la précieuse collaboration de Farid Mammeri qui l'a beaucoup aidée dans son parcours, dira-t-elle, en le remerciant, sur cette communauté qui s'est vu exilée de France car revendicatrice de ses droits d'êtres humains qui voulaient vivre libres et dignes, sur l'insurrection d'El Mokrani, d'El Haddad, de la naissance de la 3e République, des dures années de famine, de la misère de ce monde que des auteurs et poètes ont voulu décrire dans leurs textes et poèmes d'antan et que, elle, auteure contemporaine et femme d'aujourd'hui, tente, à sa manière, de retranscrire dans un style particulier mêlant l'art à l'histoire dans un souci de transmission aux générations actuelles un pan oublié… ces déportés de la Nouvelle Calédonie qui sont… nos cousins exilés. À la fin de cette rencontre, un bel hommage leur a été rendu à travers le texte de Si Mohand, revisité par Taos Amrouche, El Menfi, interprété par la voix sublime et lyrique de l'artiste Azal Belkadi présent à ce rendez-vous. S. B.-O.