Le groupe bancaire français Crédit Agricole SA évoque que "des pressions à la baisse sur le dinar pourraient s'accentuer". Dans le dernier numéro des Perspectives, publié vendredi passé, le groupe bancaire français rappelle qu'après avoir accumulé des déficits jumeaux très élevés de 2014 à 2017, issus de la baisse mal anticipée des prix du pétrole, et afin de protéger ses réserves en devises qui ont chuté de 196 à 86 milliards de dollars depuis mi-2014, le gouvernement a mis en œuvre, fin 2017, une politique de création monétaire très expansionniste. "Selon les observateurs, la monétisation du déficit budgétaire aurait déjà atteint environ 34 milliards de dollars, soit 20% du PIB et l'équivalent de 40% des réserves en devises", souligne le Crédit Agricole. Le groupe bancaire français constate que cette politique n'a pas eu, à ce stade, d'impact sur l'inflation qui est restée assez contenue à 3,5% en 2018, en raison d'un contrôle des prix renforcé de la part des autorités. "Les conséquences directes sur le cours du dinar sont également modestes car après avoir fortement chuté en 2016 et 2017, le dinar s'est stabilisé par rapport au dollar et à l'euro après la remontée des prix du pétrole", ajoute le Crédit Agricole. Toutefois, souligne le groupe bancaire français, "le FMI estime que la monnaie algérienne est surévaluée de 50%, un ratio confirmé par le marché noir local de la devise (coté officiellement sur des sites internet à accès grand public)". Début 2019, note le groupe bancaire français, "la différence entre les prix du marché contre l'euro et le dollar est d'ailleurs passée à 57%, pour seulement 44% début 2016". La surévaluation du dinar, indique-t-il, "s'est donc creusée depuis l'adoption de la politique de monétisation du déficit budgétaire, le redressement des prix du pétrole n'ayant servi que d'amortisseur". Selon le groupe bancaire français, dans les économies dirigées et rentières, la stabilité du change est généralement un élément de fierté nationale et du contrat social qui lie le pouvoir à sa population. "Les autorités monétaires et politiques algériennes ont toujours cherché une relative stabilité du dinar par rapport au dollar américain, devise de référence du marché des hydrocarbures et des recettes d'exportation du pays", souligne le Crédit Agricole, indiquant que les réformes préconisées par le FMI, il y a quelques années, n'ont pas été mises en place, ce qui va rendre, à moyen terme, les ajustements plus douloureux et brutaux. Meziane Rabhi