Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU envisage de saisir la Cour pénale internationale. Un rapport élaboré par des experts de l'ONU juge que la réponse d'Israël aux manifestations palestiniennes à Gaza en 2018 constitue "des crimes contre l'humanité". Le document sera présenté au Conseil des droits de l'homme le 18 mars à Genève, a révélé le quotidien britannique The Independant. "Les soldats de Tel-Aviv ont commis des violations répétées. Conformément au droit international et aux droits de l'homme, beaucoup de ces violations sont des crimes contre l'humanité et doivent immédiatement prévoir une enquête en Israël", a déclaré le président de la commission d'enquête sur les manifestations de 2018 dans les Territoires palestiniens, Canton de Santiago. Ce dernier a également indiqué que l'analyse a permis d'établir que "plus de 6000 manifestants non armés ont été victimes des tireurs", en cette année de manifestations pacifiques, soulignant le fait que l'armée israélienne "a tiré sur des journalistes, des médecins, des enfants et des personnes handicapées, tout en sachant qu'ils étaient facilement reconnaissables en tant que tels". Pour les enquêteurs de l'ONU, "les manifestations étaient de nature civile, avec des objectifs politiques clairement énoncés" et "malgré certains actes de violence importants, la commission a estimé que les manifestations ne constituaient pas des combats ou des campagnes militaires". Ces conclusions seront au menu du Conseil de droits de l'homme le 18 mars à Genève, qui décidera de la remise du dossier à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. L'ONG de défense des droits de l'homme, Amnesty International, appuie ce rapport. Saleh Higazi, son directeur-adjoint pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient a affirmé que "les conclusions de ce rapport font écho à celles d'Amnesty International" et que de nombreux homicides de manifestants palestiniens imputables aux forces israéliennes lors des manifestations de la "Grande marche du retour" en 2018 pourraient avoir été intentionnels et constituer des crimes de guerre. Il a souligné que "ce rapport brosse un tableau accablant des forces israéliennes, qui ont tiré délibérément sur des enfants, des professionnels de santé, des journalistes et des personnes souffrant de handicaps, témoignant d'un mépris cruel et impitoyable pour le droit international humanitaire". Plus de 6 000 personnes avaient été blessées par des tirs à balles réelles, ce qui a accru la pression sur le système de santé de Gaza déjà au bord de l'asphyxie. La plupart n'ont pas été autorisées à sortir de Gaza pour bénéficier des soins dont elles avaient besoin. Alors qu'Israël a rejeté ce rapport le jugeant comme "partial", l'Autorité palestinienne l'a salué en ajoutant qu'"il prouve ce que nous avons toujours dit, à savoir qu'Israël commet des crimes de guerre contre notre peuple dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris El-Qods occupé". Elle a appelé la Cour pénale internationale à "ouvrir immédiatement une enquête". Rappelons que 251 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars 2018, la grande majorité le long de la frontière, et les autres dans des frappes israéliennes en représailles à des actes venus de l'enclave. Merzak Tigrine