Les travailleurs du complexe sidérurgique turc Tosyali, implanté à Bethioua à une quarantaine de kilomètres d'Oran, ont entamé, hier, une grève "ouverte" jusqu'à la satisfaction de toutes leurs revendications à la suite d'une tentative de suicide d'un de leur collègue. Âgé d'une trentaine d'années, il était monté, le matin, sur une plateforme, le drapeau national à la main, avant d'être ramené à la raison. Sur place, un véhicule de la Gendarmerie nationale était en faction devant l'entrée principale du complexe alors que les agents de sécurité de Tosyali interdisaient tout accès, à l'intérieur de l'usine, aux personnes étrangères, dont les journalistes. De loin, on pouvait apercevoir les travailleurs qui ont improvisé un sit-in en scandant des slogans hostiles à leur syndicat. Selon un gréviste joint par téléphone, celui qui a essayé de mettre fin à ses jours voulait dénoncer son "licenciement abusif", une situation très mal vécue par les 4 800 travailleurs algériens du complexe depuis fin 2018 où la cadence des renvois s'est accélérée. "350 sont en CDI (contrat à durée indéterminée), alors que les autres sont en CDD (contrat à durée déterminée), certains rempilant pour la quatrième année", explique notre source qui ajoute que les 800 travailleurs turcs sont entrés au pays avec un visa touristique et qu'ils ont vu, dernièrement, leurs salaires baisser. Parmi les revendications des grévistes, on cite en premier le retrait de confiance à la section syndicale UGTA et le renouvellement de ses membres à travers un vote réservé uniquement aux travailleurs nationaux. Le précédent scrutin a vu la participation des salariés turcs, ce que rejettent les Algériens. Ces derniers exigent l'intégration permanente des CDD, l'augmentation du salaire de base de 100%, l'arrêt des licenciements abusifs, l'augmentation des primes individuelles et collectives mensuelles et annuelles, le respect du travailleur algérien, lui qui est victime de racisme sur son lieu de travail, précise la plateforme de revendications. Le SG de la section syndicale, Ahmed Djelouli, infirme, pour sa part, le fait que le travailleur qui a essayé de suicider avait été licencié. "Après vérification, on a constaté que son contrat est toujours en cours, indiquant que les raisons de son geste sont d'ordre social et qu'il a voulu attirer l'attention sur lui." Quant à l'exigence des grévistes du retrait de confiance à la section syndicale, dont il est à la tête, il reconnaît n'avoir pas d'explications à donner. "Je ne peux pas vous dire pourquoi", se contentera-t-il de dire à ce propos. Notre interlocuteur affirme que le 18 mars dernier, le syndicat avait transmis à la direction une plateforme de revendications comportant, entre autres points, un CDI après trois ans de CDD, l'amélioration de la situation sociale du personnel, l'arrêt des licenciements abusifs et la régularisation des salariés promus à des postes de responsabilité. Saïd OUSSAD